lundi 23 juin 2008

"Septembre" - Nicolas Pages

Le zéro absolu, par Thom

Longtemps Nicolas Pages n'a été dans mon esprit que le personnage éponyme d'un roman de Guillaume Dustan. Je ne savais même pas qu'il existait vraiment, même si évidemment je m'en doutais.
A présent il a pour moi un visage et des mots… et très franchement, je vais essayer à l'avenir de considérer néanmoins qu'il est un personnage. D'ailleurs, ce ne serait pas tout à fait faux : jamais on en a aussi peu appris sur un auteur en lisant un ouvrage affilié à l'autofiction (ce qui en l'occurrence ne veut rien dire : les livres Dustan c'est de l'autofiction, Pages, c'est juste du journal intime, lire les deux à la suite permettra à ceux qui en doutent de constater que l'auto-F est bel et bien un genre à part entière - qu'on l'aime ou pas est une autre histoire). Mais c'est peut-être tout simplement parce qu'il n'y a rien à apprendre. Nicolas Pages n'existe tout simplement pas. C'est un être humain spectral à l'écriture transparente, qui s'amuse à mettre en scène un personnage fantomatique.

Ce livre, j'avais très envie de l'aimer. Sans doute à cause de « Nicolas Pages » – le roman – j'avais un a priori plutôt positif pour ce qui était de « Septembre ». Quand je l'ai tiré au sort (comme chaque lecture), j'étais même très content. En fait, j'ai détesté. Mais alors vraiment. Comme j'ai rarement détesté un bouquin.

Tout commençait plutôt bien : d'aspect extérieur, « Septembre » est assurément un bel objet. La couverture est charmante, l'intérieur contient des petites illustrations, des poèmes encastrés ici ou là… il y a là un univers un peu enfantin, plutôt sympathique et chaleureux, façon collage poétique. Plus doux et moins frontal que ce qu'on trouvait chez l'auteur qui rendit célèbre Pages en en faisant le non-héros d'un de ses livres.
Là où le bât blesse, c'est qu'il n'y a rien. Rien Rien Rien. « Septembre » est creux, vide, vain. Totalement inutile. Une daube absolue. Un journal intime c'est souvent chiant même lorsqu'il se passe des trucs – vous imaginez un peu un journal intime où il se passe que dalle pendant (accrochez-vous bien) 400 PAGES ???!!! Nicolas lit, Nicolas fume un pète, Nicolas saute sur le lit de ses parents, Nicolas écrit un e-mail… même un reportage de « Strip-Tease » captive plus. Nicolas écoute de la musique mais c'est de la musique de merde…Nicolas se torche au salon du livre, mais ne connaît rien à la littérature…Nicolas écrit dans un langage préado totalement maniéré et surfait alors qu'il a dix ans de plus que moi, et se couvre de ridicule toutes les deux phrases… Nicolas met des virgules partout et adopte en permanence un ton éthéré assommant… Nicolas voudrait développer son univers enfantin, mais il ne fait qu'asséner des réflexions puériles…

Bref : Nicolas m'emmerde. Et ne manquera pas d'emmerder n'importe quel lecteur.

Y a t'il ici la moindre qualité littéraire ? Non. Zéro. Absolument rien. C'est du sous-Dustan, et c'est une coquille vide (ce qui n'a rien d'étonnant de la part d'un auteur dont le premier livre s'intitulait « Je mange un œuf » – y aurait-il une logique à tout ça ?).
Tel quel, « Septembre » ressemble à un manuel de tout ce qu'il ne faut pas faire en littérature. Il y a un moment formidable, génial, où sa mère entre dans sa chambre alors qu'il écrit un e-mail, elle lui parle, et il écrit dans son e-mail ce que sa mère dit. Voyant ça elle lui demande : « …mais ça l'intéresse ? ».



Nicolas Pages aurait voulu résumer son livre en une seule phrase qu'il ne s'y serait pas mieux pris.

Que dire alors ? Rien. Nul. Zéro.

On ne peut même pas parler de littérature, ce serait terriblement insultant pour tous les autres auteurs, pour tous les autres livres, pour tous les lecteurs de la planète.

Ca, c'est juste un pseudo journal intime qui se prend au sérieux et croit que son nombril de gosse de riche intéresse quelqu'un.

La cristallisation absolue des Trois BRAN qui caractérisent l'autofiction dans son acception la plus restrictive (c'est à dire l' auto-qui-oublie-la-fiction - dirons-nous en guise de clin d'œil à notre Aristochat) : Branlant, Branchouille & Branlette.

Je n'ai pas l'habitude de dire ça, vous me connaissez, mais dans le genre journal / chronique, il m'est arrivé de faire dix mille fois mieux sur mon blog (vous aussi, peut-être).

« Septembre » aurait donc logiquement plutôt sa place ici, sur un blog.

Ou plus certainement dans le tiroir de la table de nuit, entre la boite de capotes et le paquet de kleenex.


8 commentaires:

  1. Je trouve quand-même qu'avoir inventé le titre génial "Je mange un oeuf", c'est pas rien! ;-)

    D'accord, j'achèterais jamais un bouquin qui porte ce titre, mais quand-même, faut avouer qu'il est super! :-)

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  2. Je ne connaissais pas du tout Nicolas Page mais j'adore ton billet !
    Et comme Zaph, étant allée chercher qui il était sur le net, je suis tombée sur ce titre mémorable "Je mange un œuf" :-D

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  3. Eh oui... arrivera bientôt le moment où j'écrirai plus chez les autres que sur mon propre blog.

    Ce qui est marrant avec ce livre nul, c'est que du coup je m'en souviens super bien... parce que le fait d'en écrire la critique m'a marqué de manière déraisonnable :-)

    Si ça c'est pas avoir le vice collé à la peau... ;-)

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  4. Eh, bien, voilà enfin un beau coup de griffes...on sait maintenant où est passée -du moins une bonne partie- de notre perfidie!!

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  5. 1/ quel coup de griffe !
    2/ que de gros mots !
    3/ si le livre de Nicolas Pages corrompt à ce point le langage mieux vaut passer son chemin. de toute façon en zappant un peu on peut facilement tomber sur un épisode de Strip-Tease alors...

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  6. Ce n'est plus un coup de griffe, à ce niveau-là, c'est carrément une attaque au katana! :-)
    Y'a pas à dire, je t'adore quand tu es méchant!

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  7. Ingannmic >>> oui ! j'ai en fait absorbé toute la perfidie des Chats à moi seul ;-)

    Lhisbei >>> ça existe encore, "Strip-tease" ?

    Gaël >>> et je le suis de plus en plus en vieillissant !!!

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  8. Totalement d'accord! La couverture, le résumé et l'écriture sont attrayants, et l'intérieur est complétement plat! Pauvre de moi, qui doit analyser ce "roman"...
    De plus, le résumé n'a rien à voir avec le livre, il est totalement inutile.

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