samedi 28 juin 2008

"Je l'aimais" - Anna Gavalda

Je ne l'aimais pas, par Gaël

Quatrième de couverture :

"... Car vois-tu Chloé, ma vie, toute ma vie est comme ce poing serré. Je suis là, devant toi, dans cette cuisine. J'ai soixante-cinq ans. Je ne ressemble à rien. Je suis ce vieux con que tu secouais tout à l'heure. Je n'ai rien compris, je ne suis jamais monté au sixième étage. J'ai eu peur de mon ombre et me voilà maintenant, me voilà devant l'idée de ma mort et... Non, je t'en prie, ne m'interromps pas... Pas maintenant. [...]
Je vais commencer par le plus injuste, le plus cruel... C'est-à-dire, toi..."



Mon avis :
Anna Gavalda est l'archétype même de l'espoir décevant. Sa carte de visite dans le milieu littéraire fut "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part", recueil de nouvelles qui mettait en scène des tranches de vie, des saynètes qui croquaient en quelques pages des personnages ayant du mal à jongler avec leur vie, mais jamais son humour et justesse. Depuis, rien. Enfin si, quelques romans, mais de cette acrroche alléchante, on attend encore le retour. Anna Gavalda a décidé de rester dans le gentillet, le sympa, le syndrome post-Amélie Poulain. Si "Ensemble, c'est tout" m'avait paru sympa, même si ça cassait pas trois briques à un canard, "Je l'aimais" m'a horripilé, irrité, gonflé.

Imaginez que vous vous retrouvez seule avec vos gosses parce que votre mari s'est barré avec une autre. Imaginez que la seule oreille compatissante que vous trouvez soit votre futur-actuel-ex beau-père, mais qu'au lieu de vous écouter, il vous raconte sa propre vie. Et imaginez qu'il insinue que finalement, si son fils s'est cassé avec une femme qui ne peut être qu'une grognasse à vos yeux, c'est parce que son rejeton a eu le courage que lui n'a pas eu quelques années plus tôt. Vous vous sentiriez bien, vous? M'est avis que pas vraiment. Pourtant, Anna Gavalda, elle, estime que vous devriez vous sentir soulagée après ça.

Dans un huis-clos mené par deux personnages (oui, les enfants ici sont un accessoire. Il faut avouer qu'ils sont rarement concernés en cas de séparation des parents) qui vous transportera du canapé à la cuisine, puis au canapé, et encore à la cuisine d'une maison de campagne, une femme et son fichu beau-père jouent à qui a la plus grosse... histoire d'amour à son actif. On découvre, après un suspense hitchcockien, que dis-je?, shyamalanien, que le vieux con de beau-père n'est finalement pas si bourru qu'il n'en a l'air (ooooooh!), et que la toute fraîche cocue, même si elle semble incapable de se remettre en cause et admettre qu'elle a pu avoir une part de responsabilité dans la mort de son couple, sera capable de survivre à ce drame insurmontable et de refaire sa vie (aaaaaah!). Autant dire que ce livre ressemble à une énorme coupe de crème glacée dans laquelle vous plongez en cas de blues et qui vous fait du bien sur le coup, même si en général, on sait bien que ça règlera pas le problème. Sauf qu'ici, "Je l'aimais" vous offre un superbe mal de crâne comme quand on engloutit la coupe glacée en une seule fois. Si Anna Gavalda voulait que quelqu'un l'attende quelque part, moi j'attends toujours qu'elle nous offre un roman valable.


5 commentaires:

  1. Aïe, beau coup de griffe !
    Moi j'avais effectivement trouvé "Ensemble c'est tout" totalement niais, mais "Je l'aimais" m'avait plutôt touchée, je l'ai trouvé mieux.

    RépondreSupprimer
  2. Je n'ai jamais réussi à aimer Anna Gavalda, pas mon style, même avec ses nouvelles. Mais ce qui m'effraie un peu c'est que quand j'apprenais à être prof (si, si, ça s'apprend), on nous conseillait ses bouquins pour les élèves. Gavalda, nouvelle écrivain pour les écoles?

    RépondreSupprimer
  3. Livro : Comme quoi, les goûts et les couleurs... Le seul avantage que je trouve à Je l'aimais, c'est qu'il est beaucoup plus court! ;-)

    Mbu : Alors ça, ça ne m'enchante pas trop ce prosélytisme gavaldien dans les lycées. Il y a sûrement des choses beaucoup plus passionnantes (et plus littéraires) à leur faire découvrir, à ces petits jeunes!

    RépondreSupprimer
  4. Je suis toujours etonnee d'une certaine mechancete dans les critiques. Mechancete qu'on retrouve dans certains critics celebres de journeaux connus.
    C'est le premier livre que j'ai lu de Gavalda et je l'ai trouve "puissant" (poweful? J'ai oublie mon francais!) Ce n'est pas une histoire pour consoler ou pour avoir une action quelconque directerment sur le lecteur. Si il y a un message, c'est le message "agrandissez votre horizon, ne jugez pas trop vite".La critique de Zac ci-dessus est mesquine, hargneuse et vulgaire, comme si Gavalda avait touche un point douloureux. Rien que pour ca, ce serait un livre reussi. Il ne faut pas confondre les personnages et l'auteur!
    On pense ce que l'on veut des personnages. Si chacun de nous a une opinion differente c'est que l'histoire est convainquante et superbement ecrite. Tres bonne idee de le faire lire a l'ecole. Ainsi on peut faire parler les jeunes par le biais du livre et les faire reflechir TOUT SIMPLEMENT!
    Je viens de voir le film, tres reussi aussi. Je me souviens pas si dans le livre c'est Mathilde qui revient pour seduire Pierre. Mais de toute facon, Pierre etait "mur" pour avoir une autre histoire. Il faut comprendre que c'est beaucoup demander 40 ans de fidelite dans une societe pleine de sollicitations de la part des femmes comme des hommes. Y a-t-il un homme qui se soit conduit comme la Princesse de Cleves? Voila un roman interessant. La nature humaine est si riche qu'il est impossible de la mettre dans des casiers avec etiquette et c'est souvent ce que font les critiques mais jamais les ecrivains.

    RépondreSupprimer
  5. C'est pourtant bien ce que fait Anna Gavalda en empilant les clichés et les situations déjà-vues dans ses livres. Elle met les gens dans des "casiers avec étiquettes". Comme quoi...

    RépondreSupprimer