samedi 13 juin 2009

"Jerry Engels" - Thomas Rodgers

Amoureux de l'Amour, par Thom

Tragiquement méconnu en France (et pas beaucoup plus dans son propre pays), le brillant Thomas Rogers décédait l'an passé dans une indifférence quasi générale, ne laissant derrière lui que quatre romans en trente-cinq ans de carrière... mais quels romans ! A ne surtout pas manquer si vous le croisez sur votre route, « The Pursuit of Happiness » (« A la poursuite du bonheur », 1968) est sans aucun doute le plus formidable livre jamais écrit dans l'Amérique contestataire de l'époque - à égalité parfaite avec le « Portnoy's Complaint » de Philip Voussavéki.

(ouais ! Carrément !)

Suite indirecte et illogique à son précédent (et meilleur) roman, « Jerry Engels » en capte le héros très précisément vingt ans après le début d' « At the Shores » - idée lumineuse permettant du coup de lire les deux volumes du diptyque de manière parfaitement indépendante : devenu un étudiant séduisant aux faux airs de James Dean, Jerry drague, Jerry s'amuse, Jerry s'ennuie... Jerry est fou amoureux des femmes en général et de l'amour en particulier. Au loin la Guerre de Corée fait rage, ses études lui donnent du fil à retordre - peu lui chaut. Seul compte l'amour et le désir pour notre héros, hédoniste malheureux navigant d'échecs en déroutes sentimentales, séducteur invétéré et mythomane hilarant charmant tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à une femme mais absolument incapable d'en garder aucune auprès de lui. Pas grave : des femmes il y en a d'autres, des femmes il y en a trop... et tant d'expériences à vivre avec elles !

Qu'il soit étudiant irresponsable ou improbable modèle nu, ce personnage lunaire ne rate pas une occasion de se mettre dans des situations invraisemblables et de semer larmes et baisers derrière lui. Et qu'on aille surtout pas attendre du délicieusement amoral Thomas Rogers un roman initiatique ni même une minuscule leçon de vie : le Chevalier Engels, au terme de ses aventures, n'aura rien appris de plus qu'au début - mis à part que les profs de littérature ne sont pas mal non plus... quoiqu'un peu allumées pour certaines. Pas de quoi changer la face de l'Amérique, et c'est bien pour ça que ce livre est un régal : en deux cents cinquante pages Rogers remet les années cinquante en perspective par le seul prisme d'un héros irrésistible et fantaisiste, symbole tapageur d'une révolution en marche. Evoquant souvent les délires bon enfant et néanmoins subversifs du « Lauréat », « Jerry Engels » a légèreté d'une chanson des Byrds et la classe de ces romans qui parviennent à démontrer sans jamais asséner. Les meilleurs ?

1 commentaire:

  1. Aussi bien que Philip Voussavéki??? Bon je note (refrain connu ;) )
    Est-il plus connu aux Etats-Unis?

    RépondreSupprimer