mardi 9 juin 2009

"La Femme qui court" – Jennifer Johnston

Déterrer le passé, par Livrovore


Laura vit en Irlande avec son mari, Maurice, qui est souvent en déplacement pour son travail. Elle ne l’aime pas vraiment d’amour, mais elle est habituée à vivre avec lui. Il fait une grande carrière : il a repris l’affaire du père de Laura. Ils vivent tous deux dans la maison familiale, qui s’est toujours transmise de mère en fille. C’est une femme qui aime rester seule chez elle, qui ne se mêle pas trop aux autres.

Après la mort de son père, Laura fait le point sur son passé. Les traumatismes enfouis refont surface par bribes. Elle se rappelle qu'il y avait un petit pavillon au fond de son jardin, aujourd'hui totalement envahi par la végétation. Elle décide de le rendre à nouveau visible et de le rénover, en compagnie de Dominic, ancien prêtre lui-même un peu fragile. En redécouvrant cette "gloriette", elle déterre aussi les souvenirs difficiles de son enfance.

Dans une écriture pudique et retenue, parfois à la première personne et d’autres fois se détachant en parlant « d’elle », Johnston nous fait pénétrer dans l’esprit de Laura qui traîne de lourds secrets et ne sait s'en détacher, ni même se les avouer. Tout ceci sur fond d’Irlande et de conflits religieux sous-jacents. Ce roman m’a beaucoup émue, même à la deuxième lecture (presque deux ans après la première). L’auteure sait choisir les mots - sans tomber dans le «pathos » ou le voyeurisme - pour parler des blessures de la vie, du parcours qu’il faut effectuer pour réussir enfin, un jour, à vivre avec.

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