mercredi 10 décembre 2008

Philippe Sollers

On ne présente plus Philippe Sollers (surtout quand on est fainéant), par Thom


Alors comment résumer Philippe (Philou pour les intimes et les moqueurs)? Philippe a tout fait, tout vu, tout lu. Il connaît tous les auteurs passés, présents, et même certains à venir. Il est partout, dans toutes les combines, dans tous les mauvais coups, dans toutes les émissions de télé.

C'est un vieux roublard, très doué, très prolifique aussi, qui agace autant qu'il fascine.

Certains esprits retors vont même jusqu'à affirmer que Philou est un des plus grands auteurs de ce siècle... c'est surtout un grand auteur à l'ancienneté. Débarqué sous l'égide du nouveau roman, il a vu mourir à peu près tous les autres et a fini, à grand renfort de spotlights, par presque les faire oubliés.

Erudit, passionné de littérature mais également de musique et de peinture, il est le fondateur de la très culte (et très snob) revue Tel Quel (1960), puis de l'Infini (en 1983) qui a dévié depuis en collection phare de l'écurie Gallimard. Rien que pour ça, ce petit homme narquois, lettré, à qui personnellement je ne confierais ni mon porte-monnaie ni ma fille, mérite le respect.
Mais une fois de plus, mériter le respect ne signifie pas être un grand écrivain. Le fait est que Sollers a surfé sans vergogne sur toutes les modes littéraires depuis ses débuts en 1958 : nouveau roman, autofiction, roman historique, espionnage... il a tout fait, parfois avec génie, d'autres fois en donnant l'impression qu'il n'était qu'un affreux oportuniste.

Philippe peut être fier de lui : quand on tape son nom sur google images, il y a plein de photos de femmes sexy qui apparaissent !

Mais c'est bien connu : tant qu'un artiste fait parler de lui, il est au moins certain d'exister. Objectivement, qu'on aime ou non le personnage, la plupart de ses livres sont réussis. Leur problème est ailleurs : à force de vouloir être tout le monde, Sollers a fini par ne plus être personne. On peine à trouver le moindre reflet de sa personnalité exhubérante dans des romans où il y a à boire et manger, comme si Sollers n'était jamais parvenu à trouver son style. Au moins aura t'il eu un mérite : ne jamais faire dans le politiquement correct et avoir tenu le flambeau de la subversion si cher à Montherlant durant de longues décennies 70 et 80 où on put lire en France beaucoup de bons livres, mais découvrir peu d'auteurs charismatiques.

Le verdict quant à sa réelle qualité ne tombera probablement que dans quelques décennies. D'ici là, on peut toujours redécouvrir ses livres les plus réussis : "Le Parc" (1961), "Paradis" (1981), "Femmes" (1983), "Studio" (1997), "L'Année du Tigre" (1998)...
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3 commentaires:

  1. Ca tombe bien parce que c'est l'auteur le plus représenté dans la bibliothèque de mon département et je me demandais si je devais pas finir par m'y mettre. Je jetterai donc un oeil, faute d'autre chose, quand je n'aurai plus rien à lire.

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  2. Je suis heureuse de retrouver Femmes dans les livres les plus réussis... il est dans ma PAL!

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  3. Comme c'est une archive, j'ai omis de mentionné que Sollers avait depuis écrit son autobiographie (qui n'était pas parue à l'époque) :

    http://legolb.over-blog.com/article-14608869.html

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