Touchant mais pas trop, par Livrovore
Les enfants de Gilbert sont morts violemment, dans un accident de voiture. C'est sa femme qui conduisait, et elle a survécu. Alors Gilbert lui en veut terriblement, et entreprend de lui faire payer ce crime. La vie d'Elise devient un enfer, et Gilbert son bourreau. Sa rage déferlera et sa tristesse jaillira avec une violence sans pareil.
Attention avant de lire ce roman : échauffez-vous les joues, vous allez vous prendre une sacrée claque !!
Il est difficile de parler de ce livre, parce qu'il ne ressemble à aucun autre que j'ai lu. Yann Moix nous sert un déferlement de violence, de rancune, et tellement de souffrances, dans une écriture très belle. Chaque mot semble placé, calculé, chaque phrase rythmée. C'est plein de poésie, de sensibilité, et de cynisme. On se prend ce livre en pleine figure. On souffre à le lire, on pleure en riant, on rit en pleurant, et pourtant on ne peut pas le lâcher. Le personnage principal est terrifiant de violence et de folie, mais on le comprend, car n'y a-t-il rien de pire que de perdre ses enfants ? « J'ai épousé un lance-flammes. Dans la vitesse, l'assassine ne pensait à rien. La radio diffusait un sketch. Je suis le seul homme sur la terre à avoir perdu ses enfants à cause de Fernand Raynaud. L'assassine riait. Dans une minute, trente-huit secondes et douze centièmes, femme, tu vas donner la mort. En attendant tu souris, le paysage défile, allure, bitume. Freine, putain, freine. Tu n'as pas freiné. Alors, tout a tourné, tout a brûlé. Sur la banquette arrière, deux bambins jouaient au jeu des sept familles. Ils avaient du jeu. Je n'ai plus de famille. »
J'ai seulement été déçue par le dernier quart du livre (à partir de la sixième partie), qui perd toute cette sensibilité et cette beauté dans l'écriture, et qui part dans un délire total, un peu trop.
Mais dans l'ensemble, j'ai été surprise par cette lecture, et surtout très touchée. Ce livre vaut la peine d'être lu, pour ses cinq premières parties magnifiques. Je pense qu'il ne plaira pas à tout le monde. Soit on adore, soit on déteste. En tout cas la « brutalité poétique » du récit ne pourra pas laisser indifférent.
...
Une lecture dont on ne doit pas sortir indemne en effet... L'extrait donne le ton.
RépondreSupprimerTout à fait, Sandrounette :)
RépondreSupprimer