dimanche 21 décembre 2008

"Les petits dieux" - Terry Pratchett

L'aigle et la tortue, par Zaph

Nous voici de retour sur le disque-monde, et plus particulièrement à Omnia, pour un treizième volume de annales.

Nous y rencontrons Vorbis, un personnage déjà inquiétant de nature, mais rendu encore plus inquiétant par sa fonction de chef de la Quisition, et qui règne en maître dans l'ombre de la Citadelle, bastion de la religion du dieu Om, seul vrai et unique dieu parmi un bataillon d'autres dieux à priori tout aussi vrais.
Mais si la religion d'Om prospère, la foi véritable, elle, à pratiquement disparu. Et chacun sait que c'est le nombre de vrais croyants qui donne sa puissance à un dieu. Le dieu Om est donc considérablement affaibli et se retrouve incarné sous la forme d'une petite tortue inoffensive (mais peu avare de malédictions en tous genres). La tortue est recueillie par Frangin, un moine novice d'Omnia un peu simplet, mais doté d'une mémoire prodigieuse. Frangin est en plus le dernier humain à conserver une foi sincère en Om, et donc, le seul à entendre sa voix.
Vorbis prépare une expédition punitive contre Ephèbe, le pays voisin, qui abrite une population de philosophes ; ce sont d'immondes personnages coupables des odieux crimes de penser par eux-mêmes, et de mettre en question la réalité des dieux (au péril de leur vie, car les-dits dieux ont pour habitude d'anéantir d'un coup d'éclair bien senti les humains qui leurs manquent de respect).
Vorbis compte bien utiliser les talents et la naïveté de Frangin pour mener ses plans à bien, mais bien sûr, tout ne va pas se passer comme prévu...


Celui-ci, je me le gardais pour la bonne bouche. Je me disais, "Pratchett qui s'attaque à la religion, ça ne peut que me plaire".
Mais le problème, c'est qu'après avoir lu quelques volumes des annales du disque-monde, l'effet de surprise ne joue plus du tout.
Le thème est finalement traité de manière très classique pour Pratchett, avec les habituelles inversions de valeurs et de points de vue, et l'humour "au pied de la lettre".
C'est à peine si on ne prévoit pas les blagues qu'il va faire deux pages à l'avance.
Alors, quand on n'est plus surpris ni par le point de vue en oblique, ni par l'humour, il reste une histoire somme toute guère passionnante.

Mais il faut avouer que ce qui sauve ce livre, encore une fois, et ce qui donne envie d'en relire un autre, c'est ce qui fait vraiment le talent de Pratchett, c'est à dire les personnages.
Om, le dieu caractériel, Frangin, le disciple débile pas si débile que ça, les philosophes hilarants qui utilisent des arguments "massue" des plus convaincants, et même les inquisiteurs et "exquisiteurs" qui sont d'un ridicule à glacer le sang, tous ces personnages hauts en couleurs constituent le vrai fondement du livre et en font une réussite.


Aucune tortue n'avait encore jamais fait ça à un aigle. Aucune tortue dans tout l'univers. Mais aucune tortue n'avait jamais été un dieu ni ne connaissait la devise tacite de la Quisition : Cujus testiculos habes, habeas cardia et cerebellum. Quand on retiend solidement l'attention des gens, les coeurs et les esprits suivent.

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