lundi 29 décembre 2008

"Des Inconnues" - Patrick Modiano


C'est quoi son nom, déjà ?
par Zaph


Voilà un genre d'écriture qui me plait énormément : en dire beaucoup tout en ayant l'air de ne pas dire grand chose, et en même temps, laisser le lecteur dans le flou sur ce qui a été dit exactement. Vous trouvez ça tordu ? Vous avez raison, moi aussi, mais c'est le genre de roman qui m'ouvre des portes.

Il s'agit ici de la vie d'une jeune femme que Modiano raconte à la première personne, avec des phrases simples et limpides, en exposant juste des faits sans pathos excessif, d'une manière qui semble presque détachée.
Inutile de résumer l'action du livre, ce n'est pas vraiment l'important. Il n'y a d'ailleurs pas grand chose à dire de cette vie passablement morne.
Et pourtant, ce personnage pratiquement transparent, presque insignifiant, Modiano réussit à lui donner une épaisseur et une présence étourdissantes, et on se demande comment.
Il y a là je trouve une certaine magie de l'écriture.

La vie de l'héroïne (dont je me rends compte au moment de rédiger ce commentaire que son nom ne nous a jamais été révélé) est d'une vacuité terrible. Elle erre à travers villes et époques en tournant en rond, en cherchant quelque chose de vague (le grand amour ? ) sans vraiment y croire. D'ailleurs, peut-être que cette recherche n'est que prétexte pour masquer une fuite, une stratégie d'évitement.

Je me suis demandé ce que pouvait bien vouloir dire le titre "Des inconnues". Et je me suis aperçu que ce récit divisé en trois parties, que j'ai naturellement pris pour trois tranches de la vie de l'héroïne, pouvait fort bien être constitué de trois nouvelles indépendantes parlant de femmes différentes, mais pourtant étrangement semblables.
Par ailleurs, l'héroïne ne se connaît pas elle-même. Elle est en quête de soi et de sa vie, mais les deux choses semblent lui être inaccessibles, bien qu'elle n'y attache finalement pas tellement d'importance.

Un livre qui laisse une impression étrange et un goût de trop peu, parce qu'il n'y a pas de résolution, et qu'on n'est pas plus avancé à la fin qu'au début, et pourtant si ...

1 commentaire:

  1. Rien qu'en lisant ton article, je savais qu'il s'agissait d'un Modiano. Certains auteurs ont des thèmes fétiches, le sien est indubitablement celui de la recherche de ses racines, de son identité et ses personnages sont toujours flous. Il n'en reste pas moins un auteur que j'apprécie beaucoup!

    RépondreSupprimer