mercredi 1 octobre 2008

Ian McEwan (Aristochat octobre / novembre 2008)

Pôle Austère, par Thom

Il a beau ne sourire que lorsqu'il se brûle, Ian McEwan est tout de même un foutu bon écrivain - le plus grand écrivain anglais vivant même (selon ses fans, sa mère, et quelques millions de lecteurs disséminés à travers le monde). On pourrait d'ailleurs envisager que c'est précisément depuis qu'il a acquis ce statut fort prisé qu'il ne sourit plus, hélas : nos sources nous indiquent que c'est principalement depuis ses études dans le Sussex (j'ignore si vous connaissez cette région magnifique mais ça rendrait neurasthénatique n'importe qui - on ose imagine ce que serait devenu notre Philippe Jaenada national s'il avait fait ses études là-bas). Etudiant brillant pourvu du charisme d'une huître, McEwan publie néanmoins peu après quelques écrits intéressants, des nouvelles qui finissent par déboucher sur deux très bons recueils intelligemment fusionnés dans les éditions françaises sous le titre "Premiers amours, dernier rites". Bizarrement, on sent déjà qu'avec lui on ne va pas beaucoup rire.
Cela se confirme très rapidement avec la parution de son premier roman, aujourd'hui un classique de la littérature britannique, fort comiquement intitulé "Le Jardin de ciment". Autant vous prévenir tout de suite, on ne rit pas beaucoup dans cette histoire inspirée d'un fait divers particulièrement sordide mais (et c'est là qu'Ian, tout de même, est très fort) on rit beaucoup plus que dans tous ses livres suivants réunis (la paire "Amsterdam" / "Expiation" atteignant quant à elle des paroxysmes de noirceurs). Porté par un goût de déplaire pour le moins prononcé, McEwan éprouve d'ailleurs parfois toutes les peines du monde à écrire quelque chose de léger (si la heavy-litterature existe, la voici !), si vos enfants vous les cassent on leur recommande chaudement la lecture de son bouquin "jeunesse", "Le Rêveur", ça devrait a priori les vacciner un moment (probablement le livre jeunesse le plus... bizarre et étrange et dingue que j'aie jamais lu - pourtant j'en ai lu un paquet - à tel point d'ailleurs qu'il fit en son temps couler beaucoup d'encre, certains allant jusqu'à le taxer de perversion - franchement McEwan pervers ? Qui pourrait croire cela de l'auteur du très sain "Chiens noirs" ?).
En somme : si Jaenada (au sens drôle) et Japrisot (au sens supercifiel) vous ont paru un peu trop légers, n'ayez crainte, vous ne devriez pas avoir ce problème avec le nouvel Aristochat. Grand amateur de Hitchcock, de rock ténébreux et d'ironie cruelle, Ian McEwan pourrait même faire peur, n'était-ce cette évidence : très peu d'auteurs, aujourd'hui, écrivent aussi merveilleusement bien des histoires aussi puissantes et poignantes. C'est déjà pas mal...

Bibliographie française :

Premier amours, derniers rites (nouvelles, 1977)
Le Jardin de ciment (roman, 1978)
Le Confort des étrangers (roman, 1981)
L'enfant volé (roman, 1987)
L'Innocent (roman, 1989)
Les Chiens Noirs (roman, 1992)
Le Rêveur (recueil "jeunesse", 1994)
Délire d'amour (roman, 1997)
Sous les draps (nouvelles, 1997)
Amsterdam (roman, 1998)
Expiation (roman, 2001)
Samedi (roman, 2005)
Sur la plage de Chesil (roman, 2007)

Titres non-traduits :

The Imitation Game (théâtre, 1981)
Or, Shall We Die ? (nouvelles, 1983)
The Short Stories (nouvelles complètes, 1995)
For You (roman, 2008)
...

3 commentaires:

  1. Oh là ! je crois que dès ce soir, je vais faire un tour à la librairie pour voir ce qu'ils ont de Mc Ewan (que je ne connaissais pas, comme beaucoup d'autres...).
    Je repasserai ici vous livrer mes impressions sur toute cette noirceur promise...

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  2. Super, le sous-titre ! Et l'auteur est alléchant.

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  3. Eh ouais ! A vos pelles !

    (private joke uniquement compréhensible par ceux qui ont lu Le Jardin de Ciment :-))

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