Froid dans le dos, par Ingannmic
Je n’ai pas pu m’empêcher d’intégrer dans ma pal quelques-uns des auteurs préconisés par notre cher Philou national lors de l’interview qu’il nous a gentiment accordée… J’ai donc commencé par Eddie Little, dont la courte carrière, interrompue par une mort prématurée, n’aura permis de publier que 2 romans, qui ont en commun certains des protagonistes. Ceci dit, je n’ai lu, chronologiquement parlant, que le deuxième, et le fait de n’avoir pas lu le premier ne m’a pas du tout gênée.
« Du plomb dans les ailes » commence dans un centre de détention pour mineurs où est incarcéré Bobby Prine, jeune délinquant accro à l’héroïne. Il n’a qu’une obsession : s’évader. Il vient d’ailleurs d’échouer dans une de ses tentatives, et le paye d’un séjour au mitard. La violence est le lot quotidien : entre communautés noires, blanches et portoricaines, les relations sont extrêmement tendues, et malgré la jeunesse de cette population carcérale, le risque de mort est omniprésent.
La façon dont est bâti ce récit m’a donnée une impression de structure « cinématographique » : on passe d’une séquence et d’un lieu à l’autre sans transition, mais dans une chronologie bien respectée. A mon sens, cela contribue à amplifier l’atmosphère noire et crue qui se dégage du roman. Eddie Little nous plonge dans un monde parallèle et composé de ramifications souterraines. Ce monde est celui des exclus, des hors la loi, qui dicte ses propres règles, et au sein duquel prolifèrent à outrance certains des maux de la société : drogue, xénophobie, meurtre, torture, et surtout, cette course permanente après l’argent facile, qui procure signes extérieurs de richesse et héroïne à volonté.
Ceux qui en font partie y sont destinés dès la naissance, parce qu’issus de quartiers misérables (notamment « Southie », plus vaste ghetto irlandais des Etats-Unis situé à Boston), ayant des parents au mieux indifférents et au pire violents, eux-mêmes en proie à des existences qui les dépassent. Pour survivre, se protéger, une seule solution : se laisser envahir par la terreur que nous inspire la violence de l’autre, pour devenir encore plus violent que lui. Il n’existe ni secours divin, ni possibilité de rédemption.
Le narrateur est un « pur produit » de ce monde, sa peur le rendant souvent impitoyable… et paradoxalement, il nous surprend parfois par sa tendresse, ainsi que par le regard critique et très dur qu’il porte sur lui-même et sur son environnement. Il est bien conscient qu’il ne pourra jamais s’arracher à l’emprise de la drogue, et qu’il est condamné pour cette raison à rester un délinquant. Amer, il estime que « la société (est) destinée à avoir des problèmes tant qu’il y a des bébés mis au monde par des gens dont ce n’est pas le rôle d’avoir des bébés ». Quand on sait que l’auteur s’est largement inspiré de sa propre expérience pour écrire ce roman, et que l’exutoire que pouvait lui procurer l’écriture n’a pas réussi à le maintenir parmi nous, cela fait froid dans le dos…
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« Du plomb dans les ailes » commence dans un centre de détention pour mineurs où est incarcéré Bobby Prine, jeune délinquant accro à l’héroïne. Il n’a qu’une obsession : s’évader. Il vient d’ailleurs d’échouer dans une de ses tentatives, et le paye d’un séjour au mitard. La violence est le lot quotidien : entre communautés noires, blanches et portoricaines, les relations sont extrêmement tendues, et malgré la jeunesse de cette population carcérale, le risque de mort est omniprésent.
La façon dont est bâti ce récit m’a donnée une impression de structure « cinématographique » : on passe d’une séquence et d’un lieu à l’autre sans transition, mais dans une chronologie bien respectée. A mon sens, cela contribue à amplifier l’atmosphère noire et crue qui se dégage du roman. Eddie Little nous plonge dans un monde parallèle et composé de ramifications souterraines. Ce monde est celui des exclus, des hors la loi, qui dicte ses propres règles, et au sein duquel prolifèrent à outrance certains des maux de la société : drogue, xénophobie, meurtre, torture, et surtout, cette course permanente après l’argent facile, qui procure signes extérieurs de richesse et héroïne à volonté.
Ceux qui en font partie y sont destinés dès la naissance, parce qu’issus de quartiers misérables (notamment « Southie », plus vaste ghetto irlandais des Etats-Unis situé à Boston), ayant des parents au mieux indifférents et au pire violents, eux-mêmes en proie à des existences qui les dépassent. Pour survivre, se protéger, une seule solution : se laisser envahir par la terreur que nous inspire la violence de l’autre, pour devenir encore plus violent que lui. Il n’existe ni secours divin, ni possibilité de rédemption.
Le narrateur est un « pur produit » de ce monde, sa peur le rendant souvent impitoyable… et paradoxalement, il nous surprend parfois par sa tendresse, ainsi que par le regard critique et très dur qu’il porte sur lui-même et sur son environnement. Il est bien conscient qu’il ne pourra jamais s’arracher à l’emprise de la drogue, et qu’il est condamné pour cette raison à rester un délinquant. Amer, il estime que « la société (est) destinée à avoir des problèmes tant qu’il y a des bébés mis au monde par des gens dont ce n’est pas le rôle d’avoir des bébés ». Quand on sait que l’auteur s’est largement inspiré de sa propre expérience pour écrire ce roman, et que l’exutoire que pouvait lui procurer l’écriture n’a pas réussi à le maintenir parmi nous, cela fait froid dans le dos…
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