Talkin' bout my generation, par Thom
C'est l'histoire d'une vengeance. Une vengeance dont les instigateurs n'inspirent pas plus la compassion que la victime. Une vengeance où l'ont fini par ne plus savoir qui se venge de qui et pour quoi, une vengeance gratuite dont les protagonistes se mentent plus encore qu'ils ne mettent aux autres.
Quatre hommes entrent en ligne de compte, quatre hommes radicalement opposés malgré tout unis par un trait commun : leur amour pour la belle Molly, qui vient d'être foudroyée par une mystérieuse maladie en quelques semaines. Après la vaste aux hypocrisies de l'enterrement (scène chorale absolument exceptionnelle, où chacun étale sa vanité au travers de la mémoire de la défunte), George, industriel et veuf de la jeune femme, contacte Vernon, journaliste et ex amour de jeunesse de cette même femme. George a découvert quelque chose (mais quoi ?) permettant de compromettre Julian Garmony, ministre des affaires étrangères et dernier amant en date de Molly. Vernon tente d'évoquer le sujet avec le dernier as du carré, Clive, compositeur célèbre et passablement torturé…et ensemble ils ourdissent leur machination…mais contre qui ? Contre quoi ?
« Amsterdam » est un incroyable jeu de massacre, de ceux qui vous horrifient tout en vous fascinant. L'histoire est effarante, le complot terrible et implacable, et pourtant vous êtes là, vous lisez, vous en redemandez. Impossible de quitter ces personnages complexes et sinueux avant la fin du récit…ils sont ignobles, faux, machiavéliques, tous autant qu'ils sont, cependant on s'y attache de manière presqu'immédiate. A tous…A George l'idiot, qui se lance sans réfléchir dans une vengeance inutile et se montre trop aveuglé par le chagrin et la haine pour constater la futilité de ses actes…A Vernon l'orgueilleux, qui tente de se convaincre qu'il souhaite abattre Garmony (genre de Sarkozy britannique – impossible de ne pas y penser à la lecture) par intérêt national et non pour satisfaire sa rancune et son porte-monnaie…A Clive l'indécis, perdu au milieu de tout ça mais coupable de se taire et de laisser détruire un homme sur la place publique…A Garmony enfin, aussi inquiétant que séduisant et presqu'émouvant dans sa lutte désespérée contre une extermination médiatique et intime programmée…
Avec bien sûr, en filigranes et en prime, un remarquable portrait en creux d'une femme – Molly – aux multiples facettes (en moyenne deux par amant) et d'une époque – les années 70 – où tout semblait encore possible et où leurs idéaux semblaient avoir un sens…et au-delà de ça le portrait cru de cette Angleterre des caméras de surveillances dans les rues et des pédophiles repentis crucifiés en première page des tabloïds, dont on nous parle finalement bien peu en France.
Le tout est amené avec une incroyable virtuosité par un Ian McEwan dont l'écriture, plus aérée qu'à l'accoutumée, impressionne par sa facilité et sa précision. Vive et gonflée à l'humour noir, elle embarque le lecteur dans une intrigue poisseuse avec d'autant plus de maestria qu'en réalité c'est une histoire bien banale qu'on nous raconte ici, déjà base de départ de moult films noirs. Mais McEwan s'y connaît trop bien en la matière pour tomber dans les pièges de la caricature ou du rebondissement trop évident…il l'a prouvé dans son récent « Saturday », cela se voyait déjà dans « Amsterdam » : les plus grands auteurs de thriller ne sont pas forcément assimilés au polar.
Quatre hommes entrent en ligne de compte, quatre hommes radicalement opposés malgré tout unis par un trait commun : leur amour pour la belle Molly, qui vient d'être foudroyée par une mystérieuse maladie en quelques semaines. Après la vaste aux hypocrisies de l'enterrement (scène chorale absolument exceptionnelle, où chacun étale sa vanité au travers de la mémoire de la défunte), George, industriel et veuf de la jeune femme, contacte Vernon, journaliste et ex amour de jeunesse de cette même femme. George a découvert quelque chose (mais quoi ?) permettant de compromettre Julian Garmony, ministre des affaires étrangères et dernier amant en date de Molly. Vernon tente d'évoquer le sujet avec le dernier as du carré, Clive, compositeur célèbre et passablement torturé…et ensemble ils ourdissent leur machination…mais contre qui ? Contre quoi ?
« Amsterdam » est un incroyable jeu de massacre, de ceux qui vous horrifient tout en vous fascinant. L'histoire est effarante, le complot terrible et implacable, et pourtant vous êtes là, vous lisez, vous en redemandez. Impossible de quitter ces personnages complexes et sinueux avant la fin du récit…ils sont ignobles, faux, machiavéliques, tous autant qu'ils sont, cependant on s'y attache de manière presqu'immédiate. A tous…A George l'idiot, qui se lance sans réfléchir dans une vengeance inutile et se montre trop aveuglé par le chagrin et la haine pour constater la futilité de ses actes…A Vernon l'orgueilleux, qui tente de se convaincre qu'il souhaite abattre Garmony (genre de Sarkozy britannique – impossible de ne pas y penser à la lecture) par intérêt national et non pour satisfaire sa rancune et son porte-monnaie…A Clive l'indécis, perdu au milieu de tout ça mais coupable de se taire et de laisser détruire un homme sur la place publique…A Garmony enfin, aussi inquiétant que séduisant et presqu'émouvant dans sa lutte désespérée contre une extermination médiatique et intime programmée…
Avec bien sûr, en filigranes et en prime, un remarquable portrait en creux d'une femme – Molly – aux multiples facettes (en moyenne deux par amant) et d'une époque – les années 70 – où tout semblait encore possible et où leurs idéaux semblaient avoir un sens…et au-delà de ça le portrait cru de cette Angleterre des caméras de surveillances dans les rues et des pédophiles repentis crucifiés en première page des tabloïds, dont on nous parle finalement bien peu en France.
Le tout est amené avec une incroyable virtuosité par un Ian McEwan dont l'écriture, plus aérée qu'à l'accoutumée, impressionne par sa facilité et sa précision. Vive et gonflée à l'humour noir, elle embarque le lecteur dans une intrigue poisseuse avec d'autant plus de maestria qu'en réalité c'est une histoire bien banale qu'on nous raconte ici, déjà base de départ de moult films noirs. Mais McEwan s'y connaît trop bien en la matière pour tomber dans les pièges de la caricature ou du rebondissement trop évident…il l'a prouvé dans son récent « Saturday », cela se voyait déjà dans « Amsterdam » : les plus grands auteurs de thriller ne sont pas forcément assimilés au polar.
…son meilleur roman ?
Tiens, c'est justement par celui-là que j'ai commencé. Je n'ai pas encore eu le temps de rédiger ma critique, mais ça va venir...maintenant je lis "L'enfant volé".
RépondreSupprimerJe me demande bien où ils ont pu trouver cette affreuse photo de couverture...
Tu parles de la couv' d'Amsterdam ou de l'Enfant...?
RépondreSupprimerCelle d'Amsterdam... je ne la trouve pas affreuse, en fait :-D
Ce qui est marrant c'est que la couverture de l'édition originale présente une espèce d'épouvantail super flippant, à côté duquel le bonhomme sur la version Folio a l'air presque sympathique :-/
Je parle bien de celle d'Amsterdam. Moi, elle me donne froid dans le dos !
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