mercredi 20 mai 2009

"Trainspotting" - Irvine Welsh

J'ai loupé le train, par Zaph

C'est un bon livre, ça c'est sûr, et un livre fort.
Je dirais toutefois qu'il n'atteint pas à cette dimension impalpable qu'on appelle "universalité".
Welsh n'est pas Bukowski, si vous voyez ce que je veux dire.
Les personnages sont réellement hauts en couleurs, mais je ne suis pas entré en totale vibration avec eux.
Je suis resté spectateur amusé, parfois ému, mais pas totalement concerné, et pas réellement en empathie avec eux. S'ils me rappelaient ma jeunesse par certains côtés, ils n'ont pas vraiment d'âge, ce qui ne les rend pas universels pour autant.
Il y a quelque chose, toutefois : cette quantité impressionnante d'amis, et ce manque cruel de véritable amitié. C'est une chose à méditer.

Par pitié, ne me demandez pas de raconter l'histoire ! Je sens que je vais plutôt utiliser le bon vieux cliché des familles à propos des pièces de puzzle.
L'auteur ne nous raconte pas une histoire de façon linéaire, mais nous livre pèle-mêle les pièces d'un puzzle que nous avons la tâche de reconstituer.
Ça peut être très chouette le coup du puzzle... en fait, c'est surtout pratique quand on n'a pas d'histoire à raconter. Et il faut bien admettre que dans "Trainspotting", l'histoire (si histoire il y a) tourne un peu en rond.
La multiplicité de points de vue, j'ai bien aimé (encore que là non plus, rien de nouveau sous le soleil), mais les personnages sont trop uniformes, n'ont pas assez d'individualité. Au début d'un chapitre, on a souvent du mal à déterminer qui en est le sujet.

Poursuivons par le style oral (est-ce que des fois, ce bouquin ne serait pas en train d'accumuler les poncifs?) ; l'accent local (d'Edinbourgh), finalement, ne m'a pas trop convaincu. J'ai l'impression que Welsh force la dose. C'est amusant au début, mais à la longue, ça en devient burlesque, voire un peu lourd. Puis on n'a pas vraiment besoin de ça pour se représenter le milieu social des personnages. Je trouve que c'est mieux si le lecteur peut imaginer sa propre version d'un accent de banlieue.
Finalement, c'est peut-être ça la barrière qui m'a empêché d'entrer complètement dans l'histoire?

Et puis, il y a un truc gênant : par moment, on voit l'auteur qui fait surface au détour d'une phrase. Au milieu d'une avalanche de vocabulaire simple et grossier, apparaît tout à coup un mot recherché, distingué, parce que l'auteur a voulu exprimer une idée ou un sentiment difficile à faire passer avec seulement "fuck" ou "cunt". Ce décalage de la langage ne m'a pas semblé très naturel.

Mais finalement, tout ça, ce sont des critiques relativement mineures, parce que le résultat, quand-même, tient debout, et surtout, ça donne un style assez puissant qui se démarque de mes lectures habituelles. Ça change, quoi ! Mais j'en lirais pas dix comme ça à la suite.

3 commentaires:

  1. Tout cela ne me donne pas vraiment envie de le lire...

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  2. Oh, on peut vivre sans, mais je ne me suis pas ennuyé quand-même, j'ai plutôt bien aimé :)

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  3. Oh, un des films cultes de ma jeunesse :)
    Je ne savais même pas qu'il était tiré d'un livre !

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