Chaos organisé, par Mbu.
Lima, Pérou. Collège militaire de Leoncio Prado. Le Cercle, organisation clandestine au sein d’une des sections d’élève, qui se charge de voler, revendre et de divers petits trafics, envoie l’un de ses trois membres, Cava, voler les sujets de l’examen de chimie. Mais Cava brise un carreau et le vol sera découvert. Toute la section est consignée tant que l’on n'a pas découvert le coupable. Jusqu’au moment où, quelqu’un le dénonce… et que l’on se venge du délateur.
"La Ville et les Chiens" nous fait pénétrer intimement dans le monde de ces jeunes garçons, issus de milieux différents qui tous compensent la férocité de l’autorité militaire par l’indiscipline qui règne dans les dortoirs, où l’on fume, où la sexualité mal contenue déborde, où l’on torture aussi. Et face à l’ordre militaire, la chaos personnel des élèves est illustré par un texte tout aussi chaotique où les règles de base de la ponctuation et de la syntaxe explosent pour laisser dans la tête du lecteur le brouhaha excité de ces garçons déchaînés. On ressort de ce genre de chapitre, avec la même fatigue que si l’on s’était trouvé dans la chambre. Et, c’est là la force de l’écriture de Mario Vargas Llosa, le monde de ces garçons cherchant leur sexualité là où elle peut le moins s’exprimer se matérialise complètement. Des scènes de bizutage, viols, zoophilie et torture, on en sent l’odeur et la matière. Et on n'en ressort pas indemne. Tout comme certains élèves.
Cette force s’étend aux descriptions de l’atmosphère : un jeune cadet dans la bruine qui s’efface avec sa vareuse, les képis blancs qui brillent et qui fascinent dans la rue…
Mais "La Ville et les Chiens" est aussi un roman schizophrène. C’est un roman à quatre voix, les voix de quatre élèves. Ces quatre voix ne se distinguent pas, au départ et il est très difficile de savoir qui parle. Arrivé au milieu du roman, on en distingue peut-être deux, mais pas toutes encore. Elles émergent et prennent peu à peu la personnalité des élèves, la première étant la plus évidente, la dernière n’émergeant vraiment que vers la fin. Car ces quatre élèves racontent l’ « avant ». Le parcours qu’ils ont fait, jusqu’à leur entrée au collège militaire. Et les élèves d’ « avant » ne sont pas les élèves du collège. Il y a un fossé temporel, mais aussi un fossé spatial. Dedans, ils ne sont pas les mêmes que dehors non plus, et il n’est pas facile de les reconnaître tout de suite. Les retours dans le passé ne se distinguent d’ailleurs pas toujours des sorties hors du collège, et laissent là aussi un sentiment de confusion.
Mais si on a l’impression de nager en plein chaos, ce n’est pas du tout le cas. Ce roman est peut-être le premier de l’auteur, mais il ne souffre pas, de mon point de vue, des faiblesses de la jeunesse. De ce sombre chaos moite et odorant, ressort une structure logique qui mène trois de nos quatre élèves jusqu’à Teresa, point central autour duquel tourne les jeunes hommes et le drame.
La Ville et les Chiens est aussi un roman sur les valeurs. Des valeurs viriles dans un monde macho contrôlé par des jeunes plus solides, plus matériels que toute cette bande de militaires qui s’accrochent à leur discipline comme à une bouée pour mieux fermer les yeux devant la réalité et la violence de leurs cadets.
D’après l’auteur de la préface, le collège Leoncio Prado aurait brûler avec ses élèves quelques exemplaires de ce scandaleux roman. Et moi, je vais continuer avec Vargas Llosa.
"La Ville et les Chiens" nous fait pénétrer intimement dans le monde de ces jeunes garçons, issus de milieux différents qui tous compensent la férocité de l’autorité militaire par l’indiscipline qui règne dans les dortoirs, où l’on fume, où la sexualité mal contenue déborde, où l’on torture aussi. Et face à l’ordre militaire, la chaos personnel des élèves est illustré par un texte tout aussi chaotique où les règles de base de la ponctuation et de la syntaxe explosent pour laisser dans la tête du lecteur le brouhaha excité de ces garçons déchaînés. On ressort de ce genre de chapitre, avec la même fatigue que si l’on s’était trouvé dans la chambre. Et, c’est là la force de l’écriture de Mario Vargas Llosa, le monde de ces garçons cherchant leur sexualité là où elle peut le moins s’exprimer se matérialise complètement. Des scènes de bizutage, viols, zoophilie et torture, on en sent l’odeur et la matière. Et on n'en ressort pas indemne. Tout comme certains élèves.
Cette force s’étend aux descriptions de l’atmosphère : un jeune cadet dans la bruine qui s’efface avec sa vareuse, les képis blancs qui brillent et qui fascinent dans la rue…
Mais "La Ville et les Chiens" est aussi un roman schizophrène. C’est un roman à quatre voix, les voix de quatre élèves. Ces quatre voix ne se distinguent pas, au départ et il est très difficile de savoir qui parle. Arrivé au milieu du roman, on en distingue peut-être deux, mais pas toutes encore. Elles émergent et prennent peu à peu la personnalité des élèves, la première étant la plus évidente, la dernière n’émergeant vraiment que vers la fin. Car ces quatre élèves racontent l’ « avant ». Le parcours qu’ils ont fait, jusqu’à leur entrée au collège militaire. Et les élèves d’ « avant » ne sont pas les élèves du collège. Il y a un fossé temporel, mais aussi un fossé spatial. Dedans, ils ne sont pas les mêmes que dehors non plus, et il n’est pas facile de les reconnaître tout de suite. Les retours dans le passé ne se distinguent d’ailleurs pas toujours des sorties hors du collège, et laissent là aussi un sentiment de confusion.
Mais si on a l’impression de nager en plein chaos, ce n’est pas du tout le cas. Ce roman est peut-être le premier de l’auteur, mais il ne souffre pas, de mon point de vue, des faiblesses de la jeunesse. De ce sombre chaos moite et odorant, ressort une structure logique qui mène trois de nos quatre élèves jusqu’à Teresa, point central autour duquel tourne les jeunes hommes et le drame.
La Ville et les Chiens est aussi un roman sur les valeurs. Des valeurs viriles dans un monde macho contrôlé par des jeunes plus solides, plus matériels que toute cette bande de militaires qui s’accrochent à leur discipline comme à une bouée pour mieux fermer les yeux devant la réalité et la violence de leurs cadets.
D’après l’auteur de la préface, le collège Leoncio Prado aurait brûler avec ses élèves quelques exemplaires de ce scandaleux roman. Et moi, je vais continuer avec Vargas Llosa.
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