jeudi 28 mai 2009

"Les Clans de la Lune Alphane" - Philip K. Dick

SF & Mat, par Thom

Ami lecteur complètement réfractaire à la science-fiction, aux histoires de galaxies lointaines et aux peuples extra-terrestres aux noms supra crétins, c’est à toi que je m’adresse aujourd’hui.

Figure-toi qu’il existe un livre, un seul, se jouant de tous ces clichés avec une habileté diabolique. Un livre osant tourner en dérision les effets positifs de la colonisation avant même qu’on songe à les inventer. Un livre osant la démesure, l’obsession morbide et la violence baroque projetée à l’autre bout de l’univers sans sombrer dans le ridicule. Un livre qui fera passer n’importe quel space-opera pour un concentré de kitsch à usage exclusif de quelques étudiants attardés.

Ca ne t’étonnera sans doute pas qu’il s’agisse d’un livre de Philip K. Dick, et qui plus est d'un de ses meilleurs. Ca s’appelle « Clans Of The Alphane Moon » et ça raconte plein d’histoires en même temps, notamment celles des clans de frapadingues se partageant la lune du titre une fois le colonisateur terrien repoussé. Des clans pour le moins bizarres, puisque les terriens avaient fait de l’endroit un immense hôpital psychiatrique planétaire. A présent les mercenaires y règnent en maîtres, et comme même les fous sont capables d’un semblant d’organisation ils se sont agencés en tribus en fonction de leurs pathologies. Je serais bien incapable de traduire fidèlement leurs noms respectifs, mais en gros on a d’un côté les schizos, de l’autres les paranos, ceux qui souffrent de tocs (qui ne figureraient sans doute plus au générique si le livre était publié de nos jours)…etc. Sans parler de ceux qui ont carrément plusieurs pathologies en même temps (mes préférés comme tu t’en doutes).

Chacun vit sa petite vie tranquillement, quelques petites guerres par-ci par-là mais dans le fond ils sont tous bien heureux ensemble. Jusqu’à ce que ces foutus terriens décident de revenir mettre un peu d’ordre dans tout ça, ce qui va évidemment foutre un sacré boxon dans le bordel initial régissant la planète. Il faut dire que ces terriens sont à peine moins organisés que les alphans – ce qui laisse pour le moins songeur.

Ce roman, donc, il faut que tu le lises pour te réconcilier avec la SF. Je te promets que ça marchera, au pire tu souriras au moins une dizaine de fois car Philip K. Dick n’y va franchement pas avec le dos de la cuillère quand il s’agit d’appliquer ses propres obsessions (badtrips, paranoïa, déshumanisation de l’organisation sociale…) à un genre préalablement codifié. Tu vas voir : c’est un bouquin qui dépote, je viens de le lire pour la seconde fois et j'ai autant flanché que la première. Il faut dire que c’est particulièrement haletant en plus d’être superbement écrit. Si tu veux je te le prête : j’en ai deux exemplaires dont un en français que je me garde sous le coude.

Cela dit je comprendrais que tu préfères avoir ton propre exemplaire. Il le vaut bien.

2 commentaires:

  1. Excellente transition avec l'article précédent... et de quoi avoir envie de continuer la découverte du genre !

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  2. (laissons croire que c'était fait exprès)

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