dimanche 31 mai 2009

"Poisson d'or" - Jean-Marie Gustave Le Clézio

Une histoire simple, par Ingannmic.


Enlevée à sa tribu sud-marocaine alors qu’elle n’a que 6 ans, Laïla est vendue à Lalla Asma, une vieille femme qu’elle va servir, mais qui la traite avec respect et affection. A la mort de sa protectrice, et alors adolescente, la jeune fille, qui n’est quasiment jamais sortie de la maison de Lalla Asma, va découvrir le monde de la rue. Elle va rapidement devoir affronter la convoitise des hommes, et apprendre à échapper aux multiples formes d’aliénation qui menacent sa liberté.
L’histoire de Laïla comporte beaucoup de points communs avec celle de Lalla, l’héroïne de « Désert » : la séparation, très tôt, d’avec le père et la mère, le fait d’être recueillies par une femme qui les protège, la fuite motivée par un mariage arrangé, l’immigration en France… Et par conséquent ce sont les mêmes thèmes qui sont abordés : la quête de la liberté, la vulnérabilité des femmes dans une société où le pouvoir est détenu par les hommes, le mépris et la précarité dans lesquels vit le peuple « souterrain » des clandestins et des exclus, l’attachement instinctif à la terre d’origine, et a contrario le détachement de ces miséreux vis-à-vis des biens matériels.
Il m’a semblé que ces points communs étaient trop nombreux pour qu’il ne s’agisse que d’une coïncidence. JMG Le Clézio donne l’impression d’avoir fait une variation sur le même thème, « Poisson d’or » pouvant passer pour une version vulgarisée de « Désert »… quoique « vulgarisée » ait une connotation quelque peu péjorative qui ne me satisfait pas. Disons que dans « Poisson d’or », le récit est essentiellement composé de la relation des événements que vit Laïla. L’héroïne y est aussi la narratrice, ce qui exclut les longues et répétitives descriptions qui foisonnent dans « Désert ».
L’auteur a qualifié ce roman de « conte », comme pour s’autoriser à verser quelquefois dans la caricature ou l’invraisemblance, mais cela fait partie à mon sens du charme de cet ouvrage. Toutefois, en ce qui me concerne, je préfère la densité et la richesse d’un « Désert ». Certes, « Poisson d’or » se lit beaucoup plus facilement, mais il m’y a manqué la verve de Le Clézio, et le souffle de ses longues évocations de la nature.

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