dimanche 10 mai 2009

"Ourania" - J.M.G. Le Clézio

Et vous, vous êtes plus "Ourania" ou "Onitsha" ? par Zaph

Meuh non, je ne parle pas de destinations de vacances exotiques !
Quoique, pour ce qui est de l'exotisme, Le Clézio a le don de dénicher les coins les plus improbables. Bien sûr, il ne s'agit pas d'endroits paradisiaques où on rêverait de couler des vacances tranquilles, mais justement, l'âme véritable d'un pays se trouve souvent en dehors des chemins battus.
L'âme d'un pays, c'est d'ailleurs quelque chose qui se mérite, qui s'apprivoise au prix de mille efforts et de risques, et qui, oui, en partie... s'invente.

"J'ai inventé un pays", c'est le titre du premier chapitre d'Ourania, et l'auteur annonce donc directement la couleur. C'est dans un Mexique onirique, en partie utopique, mais aussi terriblement désespérant que va nous emmener Daniel Sillitoe, géographe français en voyage d'études. C'est un monde que se partagent différentes communautés qui se croisent tout en restant étrangement isolées les unes des autres ; il y a la communauté utopique post-hippie nécessairement vouée à l'échec, la fondation scientifique où les chercheurs se partagent entres idéaux élevés et minables querelles académiques, les notables de la vallée, enrichis par le commerce des fruits et légumes, les pauvres exclus de la société, utilisés ou exploités sexuellement dans la "zone rouge", les révolutionnaires sur le retour... et on a l'impression que c'est Daniel qui sert de lien entre tous ces pôles, au point qu'on a l'impression, au moment où il doit poursuivre son voyage, que tout va s'effondrer derrière lui.

Pour répondre à la question de départ, moi, je suis plus Ourania, car j'ai été vraiment emporté par ce livre (alors que j'étais resté un peu "en dehors" de l'autre).
Pourtant, il présente quelques imperfections de construction, comme par exemple quand l'auteur se voit obligé d'alterner entre récit à la première et troisième personne. Mais on pardonne aisément ces petits défauts, tant la poésie qui se dégage de son écriture est encore une fois irrésistible.
Le thème aussi m'a plu, musardant autour de l'idée d'appartenance, d'être de quelque part. C'est un peu le le livre que Coelho ou Sepulveda rêveraient d'écrire (ou qu'on rêverait qu'ils écrivent), mélange de conte philosophique, de satire sociale ou écologique, de récit de voyage, mais servi par des personnages loin d'être caricaturaux et par une écriture superbe.

2 commentaires:

  1. Entièrement d'accord avec toi : de ce récit, j'ai retenu moi aussi l'écriture superbe.

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  2. Je crois que je suis pas Le Clézio tout court... j'ai abandonné Ourania! Surtout quand j'ai vu qu'un personnage était passé par Rivière-du-Loup au Québec, cet élément a grandement gâché l'esprit su "nulle part inventé" que je croyais retrouver dans ce livre.

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