J'ai, pendant de longs mois, maudit ma bibliothèque, qui avait la curieuse idée de proposer à la lecture les deux premiers tomes d'une trilogie... et pas le troisième. Sans doute lassés de me voir déposer chaque semaine le même formulaire de souhait, ils ont fini par céder, et par acquérir "La rage d'être libre", dernier opus de "La trilogie de Signe" de la suédoise Kerstin Thorvall. Le problème, c'est qu'ayant lu le début de cette trilogie il y a 8 mois, j'ai eu au départ un peu de mal à me replonger dans l'ambiance et l'histoire...
Pour rappel, à la fin des "Années d"ombre", nous avions laissé Hilma, mère de Signe et personnage principal des deux premiers volumes, en plein émoi. En effet, la fille chérie dont elle souhaitait à tout prix préserver la pureté et l'innocence s'était non seulement lancée dans de frivoles études de dessinatrice de mode, mais en plus, -ô sacrilège-, s'était trouvée un petit ami! Afin d'éloigner les deux tourtereaux, elle avait offert à Signe un stage de dessin à Paris.
Alors qu'auparavant la narration était menée à la troisième personne, c'est cette fois Signe qui s'exprime, relatant ses neuf années de mariage avec Lars-Ivar (le fameux petit ami), marquées par ses succès professionnels mais par un profond mal-être psychologique. En effet, élevée par une mère hyper-protectrice et puritaine, Signe est une jeune femme timide, complexée, complètement ignorante en matière de sexualité. C'est pourquoi lorsque Lars-Ivar, camarade d'école populaire et séduisant, lui fait la cour, à elle, le vilain petit canard, elle exulte!
Lui est touché par la pureté de Signe, et apprécie surtout l'image qu'elle lui renvoie. Elle le vénère presque, et son admiration pour lui l'amène à l'imiter, dans ses prises de position politiques (sociales-démocrates) et religieuses (il est athée). C'est à la fois une émancipation, puisqu'elle renie les préceptes rigides et aliénants que lui a inculqués sa mère, mais c'est aussi l'enfermement dans une autre prison : la dépendance change de support, mais reste une dépendance. Et Signe étouffe, malgré une situation privilégiée pour l'époque (elle a fait des études et représente la principale source de revenus du foyer...) : elle sent qu'elle n'est pas encore elle-même, ni en tant que mère ni en tant qu'épouse. Elle n'a pas encore surmonté son complexe d'infériorité et cette peur de la folie, d'avoir hérité de"l'Atavisme" paternel, qui la hante. Cela se traduit par des insomnies, des dyspnées, des crises d'angoisse... Foutaises, caprices, pour son entourage : un mari séduisant, des enfants en bonne santé (qui plus est des garçons!), une succession de réussites professionnelles... que désirer de plus?
Comme dans les volumes précédents, l'auteure insiste tout le long du récit sur la condition féminine et son évolution dans cette société des années 40-50. Une condition qui laisse encore à désirer, en dépit de l'apparition de certains progrès, notamment en matière de connaissances médicales, qui permettent d'aborder les problèmes "féminins" sous un angle plus rationnel, et d'abandonner par exemple le mythe de l'hystérie féminine en découvrant l'importance du rôle des hormones. La vie de Signe illustre à merveille à la fois ces évolutions, et la difficulté pour une femme de se réaliser par et pour elle-même.
Pour rappel, à la fin des "Années d"ombre", nous avions laissé Hilma, mère de Signe et personnage principal des deux premiers volumes, en plein émoi. En effet, la fille chérie dont elle souhaitait à tout prix préserver la pureté et l'innocence s'était non seulement lancée dans de frivoles études de dessinatrice de mode, mais en plus, -ô sacrilège-, s'était trouvée un petit ami! Afin d'éloigner les deux tourtereaux, elle avait offert à Signe un stage de dessin à Paris.
Alors qu'auparavant la narration était menée à la troisième personne, c'est cette fois Signe qui s'exprime, relatant ses neuf années de mariage avec Lars-Ivar (le fameux petit ami), marquées par ses succès professionnels mais par un profond mal-être psychologique. En effet, élevée par une mère hyper-protectrice et puritaine, Signe est une jeune femme timide, complexée, complètement ignorante en matière de sexualité. C'est pourquoi lorsque Lars-Ivar, camarade d'école populaire et séduisant, lui fait la cour, à elle, le vilain petit canard, elle exulte!
Lui est touché par la pureté de Signe, et apprécie surtout l'image qu'elle lui renvoie. Elle le vénère presque, et son admiration pour lui l'amène à l'imiter, dans ses prises de position politiques (sociales-démocrates) et religieuses (il est athée). C'est à la fois une émancipation, puisqu'elle renie les préceptes rigides et aliénants que lui a inculqués sa mère, mais c'est aussi l'enfermement dans une autre prison : la dépendance change de support, mais reste une dépendance. Et Signe étouffe, malgré une situation privilégiée pour l'époque (elle a fait des études et représente la principale source de revenus du foyer...) : elle sent qu'elle n'est pas encore elle-même, ni en tant que mère ni en tant qu'épouse. Elle n'a pas encore surmonté son complexe d'infériorité et cette peur de la folie, d'avoir hérité de"l'Atavisme" paternel, qui la hante. Cela se traduit par des insomnies, des dyspnées, des crises d'angoisse... Foutaises, caprices, pour son entourage : un mari séduisant, des enfants en bonne santé (qui plus est des garçons!), une succession de réussites professionnelles... que désirer de plus?
Comme dans les volumes précédents, l'auteure insiste tout le long du récit sur la condition féminine et son évolution dans cette société des années 40-50. Une condition qui laisse encore à désirer, en dépit de l'apparition de certains progrès, notamment en matière de connaissances médicales, qui permettent d'aborder les problèmes "féminins" sous un angle plus rationnel, et d'abandonner par exemple le mythe de l'hystérie féminine en découvrant l'importance du rôle des hormones. La vie de Signe illustre à merveille à la fois ces évolutions, et la difficulté pour une femme de se réaliser par et pour elle-même.
"La rage d'être libre" donne à cette trilogie un éclairage différent : Hilma, qui dans les précédents romans, passait plutôt pour une victime, est présentée ici comme la cause principale des angoisses de sa fille et comme une mauvaise mère. Bien qu'elle apparaisse physiquement très peu dans ce tome, on ressent de façon quasi permanente le poids de son éducation et de sa personnalité sur les agissements et les pensées de Signe.
Personnellement, c'est le 1er volume que j'ai préféré. L'auteure m'a parue plus à l'aise dans la relation de la vie de sa mère que de la sienne (rappelons qu'il s'agit d'un récit autobiographique), mais sans doute est-ce logique : la part de fiction inhérente à la reconstitution de l'existence d'Hilma, et l'imagination mise en oeuvre pour décrire ses sentiments, permettent plus de recul que lorsqu'il s'agit de décrire ses propres émotions.
En même temps, je trouve très touchant cette démarche qui consiste à tenter d'expliquer et de comprendre le comportement maternel, en remontant dans son passé, comme si l'auteure s'efforçait de dépasser la haine qu'elle semble éprouver pour sa génitrice, pour la considérer en tant que femme, elle aussi victime d'une société machiste et puritaine.
Les deux premiers tomes, c'est ici.
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