jeudi 15 octobre 2009

Jean-Louis Fournier - Où on va, papa ?


Deux enfants appartenant au "peuple du désastre" par 32 Octobre

Ce livre ne pouvait qu’être, dans mes lectures la continuité de la lecture de celui d’Henry Bauchau, « L’enfant bleu ».

Ce livre, prix Fémina 2008, est une lettre d’amour écrite par Jean-Louis Fournier, à Mathieu et à Thomas, ses deux fils handicapés moteurs et mentaux. Quand il parle de ses enfants, il dit « qu’ils ne sont pas « comme les autres ». Ça laisse planer un doute. Einstein, Mozart, Michel-Ange n’étaient pas comme les autres. »

Je ne connaissais de Jean-Louis Fournier que le trublion, producteur et réalisateur de « La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède », avec Pierre Desproges. Je ne connaissais pas l’auteur de déjà quelques vingt-trois ouvrages. Personne n’est parfait surtout quand on regarde le titre des certains des essais publiés : « La grammaire française et impertinente » (1992), « L'arithmétique appliquée et impertinente » (1993), « Peinture à l'huile et au vinaigre » (1994) ou encore « Je vais t'apprendre la politesse, p'tit con » (1998) et un petit dernier titre « A ma dernière cigarette » (2007).

Pierre Desproges, son ami, l’a accompagné dans une de ses visites. « Il n’avait pas beaucoup envie », l’auteur avait « insisté ». Pierre Desproges, « cette visite l’a beaucoup remué », « lui qui adorait l’absurde, il avait trouvé des maîtres. »

Jean-Louis Fournier évoque à mots couverts, Marie, qui « a raconté à ses camarades d’école qu’elle avait deux frères handicapés. Elles n’ont pas voulu la croire. Elles lui ont dit que ce ‘n'était pas vrai, qu’elle se vantait. » Comme si on pouvait se vanter d’avoir deux frères « avec de la paille dans la tête ».

Il nous parle aussitôt de Josée, la femme qui eut la charge de Thomas et Mathieu pendant quelques temps : « Pourquoi, Josée, avez-vous jeté les enfants par la fenêtre ? ». Regard interloqué de la femme. « Ce n'est pas bien, Josée, ce que vous avez fait. Je sais bien qu'ils sont handicapés, ce n'est pas une raison pour les jeter ».

La symphonie des « Si vous étiez comme les autres, je vous aurais… » (pages 106 à 108) se termine par la terrible conclusion « On l’a échappé belle. ».

Cet opus retrace certains épisodes de leur vie commune, par des chapitres très brefs.

Tout cela nous fait réfléchir et va nous obliger à regarder autrement les autres, ceux parfois pour lesquels on détourne la tête.

« Grâce à eux, j’ai eu des avantages sur les parents d’enfants normaux. Je n’ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n’avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu’ils feraient plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien.

Et surtout, pendant de nombreuses années, j’ai bénéficié d’une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j’ai pu rouler dans des grosses voitures américaines. »

Terribles phrases qui doivent nous faire réfléchir et nous faire tendre la main.

Ne soyons pas si cyniques et rendons le sourire que ces enfants, jeunes et adultes dit handicapés nous font ; ils n’ont pas de prix ; ils sont gratuits et nous réchauffent le cœur.

Et pour avoir un autre éclairage, aller sur le site de la maman de ces enfants appartenant au peuple du désastre.


1 commentaire:

  1. J'ai lu aussi ce livre, qui m'a beaucoup plu, entre rire et malaise... c'est ce que cherchait à faire ressentir l'auteur, j'imagine. Je trouve que malgré son grand cynisme et sa forme dure, on perçoit très fort sa grande tendresse et son amour pour ses fils. Je ne connaissais pas le site de la maman.

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