lundi 23 novembre 2009

"La Nostalgie de l’ange" - Alice Sebold

Dans l'intimité de la douleur, par Mbu

Une fille de 14 ans est violée avant d’être assassinée. On ne retrouvera que son omoplate, et quelques objets.

C’est elle qui, depuis son paradis, nous raconte son histoire, en un chapitre. Car pendant le reste du roman, elle observe sa famille depuis son paradis, avec la nostalgie de l’ange qu’elle est devenue, incapable de se détacher non seulement de sa famille, mais de l’avenir qu’elle avait devant elle et des rêves qu’elle ne réalisera pas.

Elle observe sa famille, on l’observe avec elle.

Voilà un roman qui sur un ton presque froid, descriptif, pénètre l’abominable et entraîne le lecteur voyeuriste, dans le deuil et la douleur d’une famille et plus encore, dans les mécanismes de la résilience de ses membres, des amis, du futur petit ami qui n’a pas eu le temps d’en devenir un et du meurtrier, traité de la même manière.

L’originalité du roman est là d’ailleurs, dans la lecture de ce journal d’outre-tombe qui observe de l’extérieur, et qui « comprend » mieux chacun des personnages.

Alice Sebold a écrit deux livres, qui tournent autour du viol, dont elle a une expérience personnelle. Dans son premier roman, elle aborde cette expérience de manière autobiographique. Ici on retrouve le viol, mais l’autre, le Unlucky, celui où la victime ne survit pas. La démarche se conçoit : elle explore ici non plus la souffrance/résilience de la victime, mais celle de sa famille.

J’ai lu la version anglaise : The lovely bones. Je ne pense pas que j’aurais acheté La nostalgie de l’ange, titre plus kitsch. J’ai trouvé les personnages bien dépeints, attachants et réalistes. Dommage que la fin ne respecte pas la cohérence d’un récit qui tourne autour de la famille : le « happy end » est-il donc une obligation, lorsqu’on traite de sujets aussi lourds ? On voit ici une famille qui guérit : n’est-ce donc pas suffisant ? Pour un peu, je n’aurais pas été étonnée de voir débarquer Michael Landon. C’est là à mon avis le danger de la démarche.

1 commentaire:

  1. J'ai lu ce livre quand j'avais 11/12 ans, ma mère l'avait dans sa bibliothèque en version française donc. Je ne saurais me rappeler si je trouvais que ce livre était raconté sur "un ton froid". Je ne pense pas. On vivait l'histoire à travers les yeux de cette petite fille, 14 c'était bien jeune, qui raconte ses attentes de la vie qui lui a échappée, ce futur qu'elle s'imaginait, et ses flashs back du passé, et l'enquête de sa mort qu'elle commentait,impuissante sur son avancée. J'ai beaucoup aimé cette façon de raconter en introspection. Les personnages sont attachants oui :).Le happy end, ne m'a pas dérangé au contraire. Je pense que sinon j'aurais été profondément choquée. Mais il me semble que l'histoire de cette famille est une histoire vraie aux États Unis qui effectivement, vivait à côté du meurtrier de leur fille, et qui a été découvert bien tard. A vérifier.
    En tout cas, ce livre est à lire. Il y a d'ailleurs eu récemment une adaptation au cinéma par Peter Jackson. :)

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