vendredi 6 novembre 2009

"Quinzinzinzili" - Régis Messac

M27 par Mbu

M27. Non, ce n’est pas le nom d'un nouveau métro. C’est moi, Mbu 27ème du nom et le livre du même nom, puisque le temps d'une activité, le livre vient de mon nom. Du moins, c'est comme cela que je l'ai ressenti, vu que je suis loin d'être tombée sur une midinette auquel j'aurais eu de la peine à m'identifier. En effet, M27 a été une surprise surprenante – si j’ose dire. Pourquoi donc ? Mais simplement parce qu'il est en droite ligne avec celui que je lisais à ce moment-là (Hocus Pocus de K. Vonnegut Jr.), dans le ton comme dans l’idée. Y'a comme un écho dans mes lectures... Pendant que l’un se moquait de toutes les bonnes impressions que l’on peut avoir sur la société humaine, l’autre l’exterminait et la réduisait à son minimum social et culturel… pour faire à peu près la même démonstration : dénoncer la très haute bêtise humaine.

Et vu la vie de Régis Messac, de la bêtise humaine, il s’en est régalé. En effet, « Quinzinzinzili », œuvre d’anticipation, a la même prescience que « On a marché sur la lune » d’Hergé, mais dans le pessimisme.

Regis Messac, donc, qui a plutôt tendance à tomber dans l’oubli. Ce qu’on en retient, c’est surtout qu’il fait partie des premiers écrivains de SF et qu’il est aussi le premier spécialiste du polar. Pacifiste, résistant, il est déporté en 1945 et fait partie des nombreux disparus.

Dans « Quinzinzinzili », écrit en 1934, Messac anticipe donc la deuxième guerre mondiale, en en faisant la cause de l’extinction presque totale de l’humanité. Ceci, grâce à un gaz « génial » inventé par un belligérant plein de science et surtout d’humour (mais pas très doué dans le calcul des « dommages collatéraux »), qui permet à l’humanité de mourir en quelques heures le sourire aux lèvres.

Ne survivent que le narrateur – observateur et rapporteur, et un groupe d’enfants (dont une fille), avec lequel celui-ci explorait des grottes au moment du drame.

Le narrateur est seul en possession de la mémoire de la civilisation précédente. Les enfants qui l’accompagnaient font page blanche: perdent et réinventent le langage, la religion, et apparemment toutes leurs connaissances précédentes. Le narrateur observe alors d’un œil pessimiste et déprimé – tel un anthropologue dépité - la renaissance (ici le terme a une connotation négative) ou plutôt les derniers soubresauts de la nouvelle humanité en train de réinventer ce qui la caractérise tant : le culte religieux fanatique, le pouvoir, la science, le meurtre : bref, les ingrédients de la guerre. Et le narrateur laisse faire, malgré son envie de mettre fin une bonne fois pour toute à cette absurde horreur. Pas une seule fois il ne tente d’intervenir pour, par exemple, éduquer ces enfants. « Je m’en fous » répète-t-il sans cesse. Pas une once d’espoir dans cette humanité survivante – même à la naissance d’un enfant. Qui fera durer la bêtise.

Le ton est moins sarcastique que celui de K. Vonnegut Jr, mais aussi moins indulgent, à mon avis. Quoique tout aussi fataliste. Le style beaucoup plus simple (ce n’est pas non plus du Voltaire) est sans concession. Et marque l’esprit très efficacement.

Je ne suis pas prête d’oublier, ni le sourire mortel des hommes, ni cette vision très forte du cadavre en décomposition de la ville de Lyon comme je ne suis pas prête d’oublier l’Hiroshima de K. Vonnegut Jr.

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