Par Claude
« Quatre personnages anonymes, une femme, un soldat, le joueur et le vieil homme, réunis par l’aventure de l’espace quotidien le découvrant au fur et à mesure qu’il s’étend devant eux : le plus proche devient un paysage lointain, un terrain vague devient l’immensité, une étendue dénudée le désert. A chaque pas naissent des paysages inconnus, c’est le regard qui les fait apparaître. Les endroits les plus banals deviennent des terres inconnues. Peut-être le voyage s’est-il déroulé à travers un grand pays vide ou aux confins immédiats d’une ville, on ne sait, mais il révèle aux voyageurs les lignes du sol, sa consistance, ses dimensions et les transforme en lieux d’être. La fin du voyage, aussi fortuite que le début, sépare ce groupe rassemblé par le visible et rend chacun des voyageurs à sa solitude initiale. Le « guide » qui les a conduits est peut-être l’absence. Ce qu’ils en commun, c’est ce qu’ils ont vu. »Handke a fait partie de mes lectures passées au même titre que Malraux et Tolstoï, mais après deux romans (« Par une nuit obscure… » et « L’absence ») c’est comme si je retrouvais un vieil ami que je n’ai plus vu depuis longtemps et avec lequel j’ai surtout un passé commun. Vous retrouvez en lui certains des aspects qui vous attiraient jadis mais d’autres vous irritent maintenant. C’est ainsi que je ne vois pas ce qu’apporte au récit les longs monologues des différents personnages. Je trouve que le texte porte à lui seul le roman et n’a pas besoin de ces tartines indigestes et un peu pédantes (je nourris le même sentiment à propos du dialogue final des « Ailes du désir »). Je ne peux pas, non plus, dire que j’ai été emballé par le roman, je suis resté en bordure de ce récit qui m’a surtout charmé au niveau intellectuel. Il n’y avait aucune connivence dans ma lecture, juste un plaisir cérébral. Je le regrette étant surtout un lecteur sensuel. Malgré cela j’ai retrouvé dans « L’absence » la solitude des personnages qui paraissent ne jamais vraiment entrer en contact avec les autres. La même incapacité que le personnage principal de « L’heure de la sensation vraie » ou que « la femme gauchère » . Comme dans « La montagne de la St Victoire », la nature est très présente, c’est le lieu du chemin, de la réflexion, on y ressent la même sérénité qui ne donne cependant aucune réponse aux questionnements des voyageurs. L’absence se sont les espaces intermédiaires entre les gens et les choses, ces espaces qui donnent une idée du passé, c’est aussi l’absence de lien humain réel, uniquement basés sur le fantasme et l’impossibilité de prendre le réel pour ce qu’il est et d’être obligé de « l’agrémenter » afin de le rendre acceptable. « L’absence » est un roman charnière entre le réalisme poétique de « La courte lettre» et la poésie réaliste de « Part une nuit obscure… ».



























