Est-ce que nous allons rire ou pleurer ? par Idothée
Oui ! Superbe ! Une belle écriture tranquille qui raconte clairement une histoire extraordinaire. Un conte. Mais pas seulement . Toute l’Inde dans les mésaventures tour à tour rocambolesques et tragiques d’un orphelin indien qui porte un nom étonnant : Ram Mohamad Thomas , hindou, musulman, chrétien . . . La vie de Mohamad commence mal , il n’est pas né dans un groupe social aisé , sa mère l’a abandonné . Orphelin en Inde est une place terrible . L’Inde est un pays où les places , on le sait, malgré les changements d’aujourd’hui , sont claires et définitives , distribuées dès la naissance . Aucune possibilité pour un « rêve américain », on ne quitte pas sa condition . C’est pourtant ce qui va arriver à Mohamad . Et cela va lui arriver à travers un jeu télévisé « qui veut gagner des milliards de roupies », tout droit importé d’Amérique .
Mais avant d’en arriver là , de sa naissance à ses 18 ans , sa vie est celle de tous les dangers et de toutes les rencontres : des habitants du bidon ville de Dharavi aux acteurs de Bollywwod . Toujours drôles , les situations sont pourtant tragiques . Est-ce parce que le ton est désabusé ? Descriptif ? Rapide surtout ? J’opte pour les trois . Nous voilà tenu de choisir seul : Est-ce que nous allons rire ou pleurer ? Il n’est en fait pas possible de pleurer et en cela je retrouve le sentiment éprouvé dans d’autres lectures sur l’Inde . Comme disent les jeunes , c’est tellement « trop » , que ce que l’ ressent est plutôt de l’ordre du fatalisme . En cela aussi , dans ce roman , on reconnaît l’Inde je pense . Anne-Catherine d’Espies sur le site Evène où je suis allée (entre autres ) lire , pour comparer mon sentiment à celui d’autres lecteurs , dit que le « Le héros va et vient , tantôt perdu , tantôt mené , mais toujours maîtrisant son destin » . Je ne suis pas d’accord . Il ne maîtrise pas son destin , il le suit . Sa réussite est le fait d’un jeu de hasard et dans sa poche , il conserve une pièce de monnaie porte bonheur . Deux faces , pas de pile . Ca sera comme ça sera . La fatalité imprègne tout le récit de Vikas Swarup . Elle nous atteint , de plein fouet . Prendre un moment après la lecture est nécessaire pour en émerger et pour penser , comme Mohamad et comme Vikas Swarup certainement , que tout peut changer radicalement en Inde . Finalement , c’est étrangement une fatalité porteuse d’espoir . Car il en faut , de l’espoir pour lutter contre la fatalité .
Sinon , c’est un livre qui va parfois un peu vite , un tout petit peu trop vite . Mais dire l’Inde en un seul roman . . . C’est avoir tant à dire que je comprends.