mardi 22 septembre 2009

"Le passeur de lumière" - Bernard Tirtiaux

Des ciseleurs de pierre et musiciens des couleurs par Mbu

Il n’y a pas de couleur dans ce titre. Autant pour l’activité du moment. Mais de la couleur, dans ce livre, il n’y a que ça. Et la lumière passe au travers.

Bernard de Tirtiaux est un artisan rare, il fait des vitraux. Et c’est donc avec beaucoup d’amour qu’il nous invite à l’accompagner dans ce voyage artistique qu’est « Le passeur de Lumière », où le lecteur va explorer une époque d’une incroyable richesse artistique aux côtés de personnages étonnants qui de leur courte vie… bâtissent l’éternité : les bâtisseurs de cathédrales. Ces projets titanesques dont les auteurs acharnés sont conscients qu’ils ne verront jamais l’aboutissement. Ces générations qui s’enchaînent sur ces mêmes œuvres, que l’on se passe de père en fils, d’artisans de génie en artisans de génie.

Notre guide ? Nivard de Chassepierre, un orfèvre talentueux, fils d’un croisé doué de grands talents artistiques, dont il a hérité. Très jeune, il façonne une œuvre qui pourrait le laisser là, au bout de son art à peine sa carrière commencée, si le magicien de la pierre et bâtisseur de cathédrale Rosal de Sainte-Croix, dont l’art reflétant le nom est de tailler dans de lourds blocs des rosaces aussi fines et légères que de la dentelle, n’avait perçu chez cet artiste un très grand potentiel pour faire avancer un art totalement inconnu du jeune homme : celui du vitrail. Son idée, allier l’art de l’orfèvrerie à celui du verre. Le jeune homme va donc être confié à plusieurs grands maîtres du vitrail, à travers l’Europe et au Moyen-Orient. Le lecteur, à sa suite, est entraîné dans les plus fameux ateliers du monde du vitrail, d’Allemagne, de France, d’Italie et de Perse. Une formation de plusieurs années, de longues séparations pour des retrouvailles tardives et la réalisation de projets dont l’ambition est à l’échelle de la foi.

Ce qui étonne le plus, dans ce roman, c’est la notion du temps. Elle est à la mesure des bâtisseurs de cathédrale. Autrement, à une époque où l’on ne vit pas forcément vieux, où tout peut arriver, on lance sur les routes d’Europe et d’Orient les plus talentueux des artistes, à la poursuite de perfectionnement, afin de participer à des projets dont l’idée même est colossale, et dont la préparation demande plusieurs décennies. Avec, bien sûr, tous les aléas de la vie. Et dans la vie du turbulent et révolté Nivard, des aléas, il n’en manque pas. Jusqu’à en perdre la foi, si ce n’est l’art.

L’écriture n’a rien de spécial, mais l’univers esthétique dans lequel nous plonge l’auteur est fabuleux, et les personnages qui nous y guident sont terriblement attachants. Un beau roman historique sur la plus belle part de l’histoire : celle de l’art et de la recherche de la beauté.

3 commentaires:

  1. J'ai lu de Bernard Tirtiaux "Les sept couleurs du vent", dans la même veine... Et quel régal!

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  2. Je vais l'ajouter à ma LàL :-) J'aime beaucoup cette façon d'entraîner le lecteur au Moyen-Âge à travers les arts

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  3. j'ai lu le passeur de lumière, une pure merveille un livre a conseiller, puis AUBERTIN D AVALLON j'ai beaucoup apprécié mais j'ai préféré le premier, maintenant je vais lire les sept couleurs du vent, j'espère qu'il sera à la hauteur des précédents.

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