mardi 8 décembre 2009

"Leaving Las Vegas" - John O'Brien

Love story, par Zaph



Pendant environ cinquante pages, nous suivons les pas de Sera. Sera est prostituée à Las Vegas. Cette ville est un élément capital de l'histoire, en est le mauvais génie. Ville bidon par excellence, artificielle, ville en trompe-l'oeil, des décors clinquants masquant l'horreur ou le néant. Les américains ont tenté de reléguer dans une île au milieu du désert le jeu, l'alcool, le sexe. Un Jurassic Park du vice. Île à l'intérieur de cette île : Sera.
Elle est la résignation personnifiée. Elle est pute comme on a les yeux bleus. C'est comme ça. On a envie de lui crier "Non !". Mais il n'y a pas d'horizon ; au delà des limites de la ville, derrière le dernier hôtel, il n'y a rien, le désert. Elle accepte, même les clients tordus, même un proxénète salaud, même les coups. De toute façon, on ne peut pas fuir plus loin que Vegas. Vegas est le terminus de l'humanité.

Deuxième partie. Nous laissons Sera pour suivre Ben.
C'est peu dire que Ben est un alcoolique. Ben passe ses jours et ses nuits à boire. Même qu'il ne pense qu'à ça. Il s'est bien sûr fait virer de son boulot. Donc, il n'a plus qu'une seule et unique activité (je parie que vous avez deviné laquelle).
Un seul petit souci : que faire si on se réveille à trois heures du matin avec une grande soif, et tous les magasins d'alcool fermés ?
Une solution : déménager à Las Vegas, là où l'alcool coule à toute heure.
Forcément, Ben et Sera vont se rencontrer, attirés comme les deux pôles d'un aimant. Sera ayant comme seule préoccupation de continuer à vivre, et Ben ayant comme seule perspective de mettre un terme à sa vie.

"He will feel her heart beat and sit in joyous wonder of her, someone who takes the trouble to work so hard just to live so hard: a neat trick."

Je ne vais pas vous raconter la fin. Mais n'espérez pas trop un happy end quand-même.
Le film m'avait bouleversifié, et le livre, bah, c'est la même chose.

Je me demande si c'est pas tout simplement l'ultime histoire d'amour que ce bouquin raconte. Enfin, d'habitude, l'amour, ça rime avec espoir, avec rêve, avec bonheur (ça doit être pour ça que les poètes parlent souvent d'amour, c'est facile pour les rimes). Même quand ça se termine mal ; même dans "Roméo et Juliette", les amants sont réunis dans la mort (pour toujours quoi ! si c'est pas mignon !). Mais si on retire tous ces attributs, qu'est-ce qui reste ? On pourrait dire qu'il reste l'huile essentielle de l'amour.
C'est quand on n'attend rien, qu'on sait que tout va mal, et va aller plus mal encore, qu'on est même finalement incapable d'aimer, mais qu'on ne peut quand-même résister à l'amour. L'amour est plus fort que tout, mais il ne triomphe de rien, voilà le constat de John O'Brien.

C'est pas tous les jours qu'un bouquin rentre directement dans mon top 10, mais c'est le cas ici (je dois avouer qu'il y a probablement bien plus que dix livres dans mon top dix, mais ça n'enlève rien au mérite de celui-ci).

1 commentaire:

  1. Eh bien, tous ces auteurs suicidés paraissent effectivement bien tristes...
    Ils devaient accuser de fortes carences en magnésium !!

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