jeudi 1 mai 2008

"Gone, Baby Gone" - Dennis Lehane

Par Ingannmic

A la demande pressante de Béatrice McCready, Patrick Kenzie et Angela Gennaro recherchent Amanda, sa nièce de quatre ans disparue en pleine nuit de son domicile, pendant qu’Helene, la mère de l’enfant, s’était absentée pour aller chez une amie. Ladite mère ne semble guère déborder d’attention maternelle; de plus, elle accuse un sérieux penchant pour la bière, voire pour certains stupéfiants. En collaboration avec deux inspecteurs de la PEAS (Brigade de protection de l’enfance), les détectives suivent la piste de trafiquants de drogue qui seraient impliqués dans l’enlèvement, mais la petite fille demeure introuvable.

Voici le retour d’un P.Kenzie et d’une A.Gennaro en pleine forme, bénéficiant, suite à l’affaire Glynn (cf. "Ténèbres, prenez-moi la main"), d’une renommée pourvoyeuse de nombreux clients. Ce quatrième volet de leurs aventures voit également réapparaître leur ami Bubba, «sympathique psychopathe» relégué derrière les barreaux durant le précédent volume (Sacré). Leurs efforts pour retrouver la petite Amanda vont s’unir à ceux de Poole et Broussard, inspecteurs de police au caractère bien trempé, et personnages que D.Lehane rend particulièrement réalistes et attachants.
N’allez pas croire pour autant que l’atmosphère de "Gone baby gone" est détendue ! Tout au long du roman, l’auteur ne se contente pas de jouer avec nos nerfs, en créant un dénouement (au milieu du récit) qui n’en n’est pas un, en étirant l’intrigue sur des mois, en faisant retomber l’enquête à néant au trois quart de l’ouvrage… non, il ne contente pas de jouer avec nos nerfs –et ceux des personnages- : il sait pincer la petite corde sensible de nos émotions, celle qui nous fait maudire la raison, et parvient à nous laisser un goût d’amertume à l’issue de l’histoire, en nous faisant nous interroger sur le bon sens de la loi et de la justice, qu’elle soit humaine ou divine.
On sait, qu’en lisant Lehane, c’est à une incursion dans le « vrai monde » que l’on prend part : il n’y a pas de héros pour sauver in extremis toutes les victimes innocentes, et quand bien même elles sont arrachées à leur bourreau, les désillusions auxquelles la vie va les exposer font que l’on ne peut jamais parler de « happy end ».
Un seul bémol : une invraisemblance sur la fin, bien que cela ne m’ait pas gêné plus que ça…malheureusement, je ne peux pas en dire plus, cela gâcherait la surprise des futurs lecteurs…

8 commentaires:

  1. C'est le prochain sur ma liste ! Et le moins qu'on puisse dire, c'est que tu m'as alléchée :)

    RépondreSupprimer
  2. Je pense que c'est un livre raté. L'histoire est assez mal ficilee et n'est jamais convaincante. En plus Lehane essaie de traiter un thème, la pédéfolie, l'abus des enfants en en faisant un roman policier :/.
    En fait ce qu'il fait c'est abuser les enfants abusés en les faisant jouer un rôle dans son livre.

    RépondreSupprimer
  3. J'ai trouvé au contraire qu'il abordait ce thème avec beaucoup d'émotion, mais aussi avec beaucoup de réalisme, sans prendre de gants, ce qui peut paraître parfois choquant. Malgré tout, cela reste un roman, et des personnages fictifs, je ne pense donc pas que l'on puisse dire qu'il ait utilisé qui que ce soit.
    Par contre, j'ai effectivement trouvé la fin moyennement convaincante mais pas assez pour ne pas me faire aimer l'ensemble du roman.

    RépondreSupprimer
  4. C'est marrant, pour moi le sujet du livre ce n'est pas la pédophilie. D'ailleurs il n'y a qu'un passage avec les pédophiles, au final c'est pas de ça qu'il s'agit. C'est plus général, c'est une interrogation sur la place de l'enfant dans la société. Ca pose plein de questions comme par exemple "doit-on faire le bien d'autrui contre les lois et la morale ?". Et même : "où se situe la morale et où commence les principes ?" Et aussi ça raconte aussi l'histoire d'un homme qui perd son innocence une fois confronté à l'horreur (parce que le passage dans la maison du pédophile, c'est une variante de l'Enfer de Dante, quand même). Enfin...
    Jeanne, je te trouve hyper excessive et injuste. Déjà on a pas le droit de traiter du thème de la pédophilie dans un roman policier ? Où est le problème ? Ce serait choquant s'il faisait l'apologie de la pédophilie, à la rigueur là je comprendrais ton point de vue. Mais il a le droit d'écrire sur ce qu'il veut comme il veut, Lehane, ce n'est pas immoral d'écrire sur un sujet grave de la société (certains diraient même que c'est le devoir d'un écrivain). Si ? En plus les affaires de pédophilies, qui en appellent à des dossiers et des réseaux, ont des volets judiciaires considérables. Et dire qu'il abuse des enfants...franchement c'est super insultant pour l'auteur, c'est même à la limite de la diffamation. Je ne savais pas que quand un auteur écrivait sur un enfant qui n'était pas innocent et heureux il abusait de lui. En plus il n'y a quasiment pas de personnage d'enfant dans le livre, quand on y pense. On voit surtout des adultes ! Ce n'est pas comme si Lehane avait écrit 300 pages où on voyait des enfants se faire violer et torturer pour faire vendre du papier. Là ce serait gore et choquant. Mais dans "GBG" Lehane se contente de suggérer la plupart du temps.

    RépondreSupprimer
  5. Effectivement, je crois aussi que l'un des thèmes principaux du roman est la contradiction qu'il peut exister entre l'intérêt individuel et les limites qu'imposent la discipline judiciaire.
    J'ouvre une parenthèse -que je n'ai pas pensé à mettre dans ma critique!- : j'ai trouvé des similitudes avec le roman de Mo Hayder, L'homme du soir, dans lequel, à partir de la séquestration d'un enfant, l'auteur évoque également les résonnances que peut avoir cet événement sur le personnage principal, inspecteur de police.

    RépondreSupprimer
  6. Lily tu as raison. Mon comm suggère qu'il y a des descriptions atroces et ce n'est pas du tout le cas, et c'est vrai qu'on ne voit presque que des adultes. Non il traite le thème d'une façon très prudente et très émotionnelle. Je vais essayer de formuler un peu mieux ce que j'ai voulu dire.

    RépondreSupprimer
  7. Les romans policiers qui ne traitent que d'infractions de stationnement sont quand-même relativement rares.
    ;-)
    Ceci dit, en tant que lecteur, on peut très bien ne pas supporter certains thèmes, c'est compréhensible. Mais reprocher à l'auteur de les avoir abordés l'est moins.
    Personnellement, je trouverais plus tendancieux les livres de type témoignages ou enquêtes, qui n'ont souvent pas grand chose à révéler hormis des détails sordides ou des théories stupides de grand complot. Mais ça, ce n'est plus de la littérature.

    RépondreSupprimer