mardi 1 janvier 2008

Zaph

Qui suis-je?

J'aime lire en buvant du whisky, et jouer au go en buvant de la bière. J'aime aussi le tennis, mais je trouve que ça donne soif.
Je crois que je suis le fils naturel de Kurt Vonnegut, mais que mes parents adoptifs me l'ont toujours caché. Je vais me laisser pousser la moustache pour le prouver.

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Mes livres fétiches

Qu'est-ce qu'un livre fétiche? C'est donc un livre qui représente quelque chose de particulier pour moi, un livre qui me parle, un livre qui m'appelle et dans lequel je retourne de temps en temps. Quelqu'un m'a fait penser à cette excellente définition : "les livres qui restent avec nous dans notre tête, qui nous accompagnent, même si on ne les relis plus, on sait qu'ils sont là si on en a besoin, et ça nous aide".

Comme le veut la tradition de cette rubrique (des Chats de Bibliothèques), je vais moi aussi essayer de trouver un subterfuge pour contourner la cruelle règle des cinq ouvrages maximum. Les plus jeunes Chats n'ont pas connu l'époque des "45 tours". Des disques vinyles avec une seule chanson sur chaque face. La face B était en général l'occasion de placer des morceaux un peu plus expérimentaux. J'ai repris cette idée, d'autant que mes fétiches sont assez populaires et plutôt prévisibles pour les Chats qui me connaissent bien.

1. Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité

Ce sera mon premier choix évident. Typiquement un livre fétiche, fait pour m'accompagner longtemps. Il n'a pas de début ni de fin, je peux l'ouvrir au hasard et me replonger instantanément dans cette ambiance si particulière. C'est un livre d'introspection, une chose qu'il m'était si difficile de faire. Introspection qui tourne par moment à l'écoeurement, car Pessoa ose regarder en face cette re-création de lui-même, et pénétrer couche après couche ce qui se révèle finalement être du vide. Mais c'est une introspection qui touche aussi à l'universel.

Dans la même catégorie, je rangerais les oeuvres de Henri Michaux, plus fou, avec un humour plus féroce, peut-être même plus proche de moi, mais je ne sais pas pourquoi, pour l'instant, le "livre de l'intranquillité" exerce une attraction plus forte sur moi.

Il y avait aussi Charles Baudelaire qui fut mon grand écrivain fétiche pendant longtemps, et que j'apprécie encore beaucoup. J'ai expliqué un jour dans un "Weekly Chat" pourquoi "Les petits poèmes en prose" fut un livre très spécial pour moi. Mais c'est une autre histoire, et il fallait bien choisir, alors, aujourd'hui, c'est Pessoa.

b-side: Alfred Tennyson, Idylls of the King

Bon, c'est curieux, parce qu'en poésie, en général, j'apprécie beaucoup la concision et très moyennement la poésie narrative. Or ce livre, c'est apparemment tout le contraire de ce que j'aime: il est long et raconte des histoires, en plus des histoires un peu cul-cul de chevalerie. Alors, comment expliquer que je l'aie lu trois fois avec énormément de plaisir? Bah, justement, si quelqu'un pouvait m'apporter une explication convaincante, ça m'arrangerait.

2. Douglas Adams : The hitchhiker's guide to the galaxy

Bon, je me suis aperçu que je n'allais mettre que des livres plus ou moins déprimants dans cette liste. Alors pour changer (si toutefois la perspective de la destruction de la Terre et l'humour british ne vous chagrinent pas outre mesure), voici une trilogie en cinq parties que j'ai relue plusieurs fois et qui m'a fait rire à chaque coup. Terry Pratchett était bien sûr un concurrent de taille dans cette catégorie, mais il me semble qui si l'on prend comme critères le nombre de conneries par page, Adams possède un légère avance.

b-side: Roddy Doyle, Paddy Clarke Ha Ha Ha

Parce qu'il y a tellement de choses qui se décident dans l'enfance. Parce que Doyle a su voir cette histoire avec les yeux d'un enfant. Parce qu'il a bien compris que pour les enfants aussi, la vie peut être une lutte, mais que simplement, les enfants se battent avec d'autres armes que les adultes. Le tout raconté avec une bonne dose d'humour irlandais.

3. Kurt Vonnegut : Le berceau du chat

Sérieusement! Pouvais-je omettre mon copain Kurt dans une telle liste? S'il utilise l'absurde comme Adams, c'est plus à des fins de satire. Là où Adams est avant tout un clown, Vonnegut est un vrai écrivain avec un style propre, une histoire douloureuse, et des idées provocantes.
Bon, comme j'ai parlé au moins un million de fois de "Abattoir 5" et que vous savez tous maintenant que c'est un de mes livres préférés de la galaxie, je vais jouer l'effet de surprise et choisir un autre titre excellent de cet auteur génial.

b-side : Maurice Maeterlinck, La vie des fourmis

Ce livre peut être vu comme un abrégé de myrmécologie (science de l'étude des fourmis), auquel cas, il est loufoque et monstrueusement inutile. Ou il peut être vu comme une allégorie cynique de la société des hommes, auquel cas il est prétentieux et vide.
Ou il peut être vu comme un regard ironique au second degré sur la vanité de l'écriture.

Ce qu'il est en réalité? Probablement les trois. C'est pourquoi c'est un de mes fétiches. En tout cas, c'est bien écrit.

4. Haruki Murakami : Chroniques de l'oiseau à ressort

Alors, Murakami, c'est magique, merveilleux! J'ouvre un de ses livres et je suis ailleurs. Et pourtant, très doucement, sans en avoir l'air, ces livres me parlent de moi (et je suis sûr que l'infinie variété des fans du Murakami peut dire la même chose). Il a un style limpide, poétique, parfois elliptique, ses histoires sont légères et profondes, quotidiennes et fantastiques, ses personnages sont à la fois fantômatiques et tellement humains. J'ai aimé tous les livres que j'ai lu de lui. Je cite celui-là parce que c'est mon premier Murakami, et sans doute celui qui l'a rendu célèbre.

b-side: Andrew Eames, Four scottish journeys

Fut un temps, ou entre Tolkien et Walter Scott, je me suis biberonné aux légendes celtiques et aux landes brumeuses et romantiques à souhait. Jusqu'à me payer un trip en Ecosse en plein mois de Novembre, période probablement idéale pour la chasse à la grouse, mais pas pour le camping. Cette période a toutefois le mérite de trouver les écossais particulièrement ouverts et accueillants, tout surpris qu'ils sont de voir un touriste même pas chasseur (donc probablement fou) en cette saison.

Ce que j'ai trouvé? Pas les highlanders en kilt, princesses prisonnières, et autres farfadets auxquels je m'attendais plus ou moins, mais des gens simples et amicaux, avec des racines profondes, certes, mais surtout préoccupés du présent et du futur.

C'est un peu la démarche de Eames, parti à la recherche de ses racines écossaises armé de curiosité et d'une bonne paire de chaussures de marche. Aventures cocasses bien racontées, réflexions intelligentes et portraits colorés garantis.

5. William Shakespeare : Hamlet

Ceux qui me connaissent bien savaient que ma liste ne pouvait pas ne pas contenir le "Désert des Tartares" de Dino Buzzati. Et je les ai bien eus. Car en réfléchissant bien à ma liste, j'ai trouvé un étrange parallèle entre le Prince Hamlet et le Lieutenant Giovanni Drogo. Une même indécision, une même impuissance face au destin. On ne sort pas si facilement du fort Bastiani ou du château d'Elsinore. Mais si on compte les points, j'ai lu bien plus de fois "Hamlet" que "le désert", alors voilà.

b-side: Gao Xingjian, la Montagne de l'âme

Réflexions sur le sens d'une vie, sur les évènements historiques qu'elle traverse, sur la liberté et le destin. Des anecdotes insignifiantes jetées pèle-mêle, qui se répondent, s'éclairent, et prennent petit à petit du sens. Ce livre est une montagne, et il a une âme.


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