samedi 28 mars 2009

"Le Brasier de l'Ange" - James Lee Burke

Small Sur, par Thom

James Lee Burke est un sacré auteur. Ca ne vient pas de sortir, et la plupart des amateurs de roman noir le savent depuis trente voire quarante ans. On lui doit au moins un chef d'œuvre (« The Lost Get Back Boogie »), une demi-douzaine de très grands livres (citons entre autres « Black Cherry Blues » et « Cadillac Jukebox »), mais même dans un ouvrage mineur comme « Burning Angel » il distille avec malice une petite musique (jazzy - forcément jazzy) à laquelle il est bien difficile de résister.

En apparence il s'agit d'une histoire d'expropriation comme les affectionne tout héritier de Jim Thompson qui se respecte : le nouveau propriétaire veut expulser les métayers de la famille depuis plusieurs générations, mais pourquoi donc, mais comment ça, mais vont-ils réussir à s'en sortir et nom d'une pipe : quel secret recèle cette terre pour ainsi déchaîner les passions ? Rien de nouveau sous le soleil : rien ne ressemble plus à une fiction terroir de France 3 qu'une intrigue de James Lee Burke. On ne se refait pas, et comme de juste l'intérêt est ailleurs. Dans l'étude de mœurs, dans la dissection de cette petite communauté de Louisiane, dans le caractère énigmatique du héros - l'inénarrable Dave Robicheaux (bien connu des lecteurs de l'auteur).


Lisant cela, certains habitués de ces pages retiennent leur souffle : oui, chers amis, « Burning Angel » se déroule bel et bien dans un petit patelin. Joie ! Bonheur ! Burke est un des tous meilleurs dans cet exercice de déconstruction, parmi les rares sans doute qui puissent rivaliser avec Faulkner - avec lequel il partage par ailleurs nombre d'obsessions. Clés de l'avenir planquées dans le passé, racisme sudiste patent, désespoir des couches les plus populaires face à un monde en plein bouleversement... difficile (sinon impossible) de ne pas penser à « The Mansion » - le plus dur (et le plus méconnu) de tous les romans de l'Autre Grand William.

Avec en prime tout ce qui fait la marque de Burke, ambiance New Orleans, whisky à gogo (ceci n'est pas un jeu de mots), écriture fluide et humour vache - comme tous les grands désespérés cet auteur est un immense blagueur. Si vous aimez le roman noir, vous seriez bien bêtes d'hésiter...

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2 commentaires:

  1. bonjour,
    Il faut souligner la complexité des personnages de Burke, sans s'arrêter à Dave Robichaux. Le personnage a ses valeurs, qui ne sont pas celles du troupeau, et il s'y tient.
    J'aime la concision et la simplicité de son style, les petites remarques qui évoquent un style de vie, une musique de Louisiane qu'on reconnaît aux premières notes et qu'on se prend à fredonner.

    http://grain-de-sel.cultureforum.net/polars-f27/james-lee-burke-t127.htm#129502

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  2. C'est implicite : je parle d'étude de moeurs et de dissection d'une communauté... ce ne serait pas possible sans la complexité des personnages (enfin il me semble...)

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