dimanche 25 janvier 2009

"Nouvelles histoires extraordinaires" - Edgar Poe


Dakness, take my hand
, par Guic’ the old


Il y a des livres qui peuvent vous traumatiser à jamais. Jeune passionné de littérature fantastique et aimant me faire peur, j’avais lu un recueil de nouvelles de Poe quand j’étais gamin. Le Chat Noir reste la plus marquante.

Alors m’être plongé dans la relecture de ce second tome des Histoires extraordinaires (que, pour une raison que j’ignore, j’ai toujours préféré au premier), je réalise qu’elles n’ont pas perdu de leur force… et que je m’étais bien planté plus jeune en y cherchant du fantastique. Car ci celui-ci fait quelques incursions dans les écrits de Poe (Metzengerstein par exemple), il ne doit jamais être pris comptant. S’il est une constante dans l’œuvre de Poe, ce n’est pas l’incursion de l’inexplicable dans le quotidien, mais bel et bien la folie, la mort, et le destin. En centrant ses nouvelles autour de fous, d’alcooliques, Poe brouille les repères du lecteur, le torture, et l’emmène fouiller dans les recoins les plus sombres de l’esprit humain.

En ce sens, Le Chat Noir est un chef d’œuvre. Car le Chat n’est rien d’autre qu’un chat, mais il devient symbole de la destinée funeste qui attend son possesseur. Celui-ci qui sombre dans l’alcool et la folie, celui-là même qui nous narre son histoire du fond de la geôle dans laquelle il attend son exécution… C’est un humain comme les autres. Et c’est là que ça commence à faire peur.

D’exécution il est également question dans « le Puits et le pendule », où l’on découvre comment l’homme peut déployer des trésors d’ingénierie pour mettre à mort un prisonnier de guerre tout en le soumettant au pire des supplices psychologiques : voir la Mort arriver, là, pas à pas.

Cette même Mort qui vient s’incruster, vêtue du « Masque de la Mort Rouge », pour jouer les troubles fêtes dans un bal organiser par quelques riches isolés de la populace qui meurt de la peste, et leur inculquer un peu de savoir vivre…

Ces mêmes riches qui d’ailleurs ce croient tout permis et dont se vengera, avec la manière (entendez par là le grotesque et le Grand-Guignol) Hop Frog dans la nouvelle éponyme.

Mais la Mort peut être plus douce… Plus sentimentale. Plus symbolique. Et dans le portrait ovale, quand l’Art emporte dans la Mort son sujet, c’est presque son Art à lui, Edgar Poe, que l’auteur décide d’enterrer.

Dans les Histoires extraordinaires, on est écartelé entre la réalité presque terre à terre des enquêtes de Dupin et la science fiction (Aventure sans pareil d’un certain Hans Pfaal). Ici, les sentiers sont déjà battus, et l’on sait que l’issue est généralement fatale. Certes, ces nouvelles sont loin d’être douces et regorgent des obsessions morbides et déprimantes d’un auteur peu connu pour son goût pour la gaudriole.

Mais elles restent malgré tout… fascinantes. Leur plus grande qualité. Leur plus grand défaut étant qu’à être ainsi fasciné par elles, on en vient à se poser certaines questions qu’on voudrait éviter…

« Relativement à la très étrange et pourtant très familière histoire que je vais coucher par écrit, je n’attends ni ne sollicite la créance. Vraiment, je serais fou de m’y attendre, dans un cas où mes sens eux-mêmes rejettent leur propre témoignage. Cependant, je ne suis pas fou, — et très certainement je ne rêve pas. Mais demain je meurs, et aujourd’hui je voudrais décharger mon âme. »

On ne pourra pas dire qu’on a pas été prévenus.



Noir et glaçant par Sandrine

Poe est un maître quand il vous enferme dans un domaine sombre et humide, quand il vous présente un être mauvais ou plein de folie rageuse, quand il vous décrit les détours de la pensée d'un meurtrier, quand enfin il se met en scène dans ce qu'il aurait pu devenir sans l'écriture. Voilà ce que j'ai déduit de ma rencontre avec Edgar Allan Poe.
J'ai donc décidé d'oublier (et même pour certaines de ne pas les lire) ces quelques histoires pseudo-philosophiques, ou d'autres comiques et de ne garder que cette mélancolie et cette fièvre folle qui pour moi, sera toujours Poe.

Avec évidemment quelques exceptions comme "Petite discussion avec une momie" qui m’a fait rire ou "Hop-Frog" qui mêle cruauté et drôlerie.
"Bérénice", "la Chute de la maison Usher", "Le chat noir" et "Le portrait ovale" sont épouvantables. "Silence" glaçant.

Dans les quatre premiers on se rend compte qu’il ne fait pas bon être une femme dans l’univers de Poe, dans le dernier le démon joue avec les nerfs d’un homme et trouve sa faille...En effet qu’y a t’il de pire que les violences, les tempêtes, le ciel noir qui craque? Un silence total, cette impression que tout est mort autour de soi et au loin, et se sentir désespérément seul.

Conclusion, j’aime Poe quand il est noir et il l’est dans ce recueil.


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