jeudi 14 janvier 2010

See You on the Other Side (2)

A : Visiteuses et visiteurs du Blog des Chats.

Bien arrivée au Pays des chanim' dormants -STOP- Météo clémente, bière et livres à volonté -STOP- Thom et Zaph chassent la souris -STOP- Pense bien à vous et garderai précieusement le souvenir des chouettes moments passés ensemble -STOP- Bises -STOP-

mercredi 13 janvier 2010

See You on the Other Side

La Littérature : Alors c'est vrai, les Chats ? Vous abandonnez ?

Zaph : Eh oui, Littérature... on n'avait plus la force... tu comprends, tu es un peu comme un combat quotidien...

La Littérature : Justement ! Après tout ce que vous avez fait pour moi... je ne pensais pas que vous me laisseriez... pas vous. Pas comme ça !

Ingannmic : Attends, c'est facile ça ! Qu'as-tu fait pour nous montrer ta gratitude ? Ton amour ?... entre les commentaires d'injures et les livres de m... on ne peut pas dire que tu nous aies beaucoup témoigné cet amour que tu nous ressors très commodément à présent que nous partons.

Zaph : Wow. Ça c'est de la tirade, Ing.

Ingannmic : T'as vu ça ? Et pourtant j'ai bien cru que je n'arriverai pas à caser le commodément...

La Littérature : Bon ok... j'ai compris. Combien vous voulez ?

Zaph : Hein ?

Ingannmic : On veut rien du tout !

La Littérature : Même pas des bons d'achats chez Amazon ?...

Ingannmic : ... hum...

Zaph : NON ING !!!!!!!! NE CÈDE PAS A LA TENTATION !!!!!!!

Ingannmic : Oui oui... tu as raison...

La Littérature : Vous ne pouvez pas arrêter de lire, quand même !

Zaph : Mais on ne va pas arrêter de lire... juste d'en parler sur le blog des Chats ! Il y aura d'autres endroits... d'autres sites... d'autres pays...

Ingannmic : On rejoindra Thom au Pays des Chanimateurs aux Bois-Dormants...

Zaph : Mais on lui fera pas de baiser sur la bouche (en tout cas : pas moi).

La Littérature : Quoi ? Thom est en vie ?!

Zaph : Oui. Et même qu'il est...

Thom : Derrière-toi, Littérature.

La Littérature : Oh ! Je te croyais...

Thom : Je sais, je sais... oui c'est ça, vas-y... pleure, ça te fera bien... vas-y, lâche-toi Littérature...

La Littérature : Je suis tellement heureuse de te retrouver...

Thom : Je sais, je sais...

La Littérature : Tu ne partiras plus jamais, hein ?

Thom : Non. Plus jamais. Voilà. Dors, Littérature... dors...

Zaph : Elle est morte ?

Thom : Non, bien sûr. Mais elle est épuisée. Il lui faudra du temps pour s'en sortir.

Ingannmic : C'est horrible...

Zaph : Affreux...

Thom : Allons mes amis... c'était prévisible, mais il fallait faire un choix. Nous savions tous très bien que la littérature aurait du mal à se remettre de la fin des Chats. L'important c'est que nous restions soudés et que nos chatons, où qu'ils aillent, continuent à l'aimer. Elle a besoin d'amour, pour s'en sortir...

Zaph : Hé, où vas-tu ?

Thom : Je n'appartiens plus à ce monde, à présent. Je retourne au Pays des Chanimateurs dormants...

Ingannmic : Tu veux bien nous emmener ?

Thom : Hum. Vraiment ?

Zaph & Ingannmic : OUI !!!

Thom : Vous savez que vous ne pourrez plus jamais revenir dans ce monde ?

Ingannmic : C'est pas grave... plus rien ne nous retient, à présent...

Zaph : Euh... ça me fait penser que j'ai laissé ma deuxième tête dans le garage...

Ingannmic : Oh Zaph ! Tu ne crois pas qu'il est temps de te libérer de ce fardeau ?

Thom : Allez, donnez-moi la main les amis... à trois, vous sautez. Un... deux...


... TROIS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

lundi 11 janvier 2010

Mais où sont les Chats ?


Alors, que se passe-t-il sur ce blog ?
Pas de nouvel article depuis l'année dernière ! Pour un blog qui -il n'y a guère, publiait un article par jour, c'est inquiétant ! Est-ce que les Chats seraient en hibernation ? Ou victimes d'une épidémie de grippe chatière ?

Non, je crois qu'ils se sont tout simplement laissés aller à leur penchant inné pour la paresse.
En tout cas, en ce qui me concerne, c'est un peu ce qui s'est passé.
J'ai eu beaucoup de plaisir à participer à cette aventure, mais maintenant, miooooww (bâillement félin), je suis fatigué.

Alors, vu que mes collègues matous sont un peu dans la même situation que moi, j'ai l'impression que ce blog va sombrer dans le néant.
C'est pas qu'il n'y a plus de Chats, non, on reste une bande de copains, et pour la plupart, nous avons des blogs persos, donc on va continuer à parler de livres... mais ce ne sera plus sur le meilleur blog littéraire du web !



mercredi 30 décembre 2009

"La conjuration des imbéciles" - John Kennedy Toole

Légèrement indigeste, par Ingannmic.

D'emblée, John Kennedy Toole nous immerge dans un univers que l'on pourrait qualifier d'"intermédaire", dans la mesure où il donne l'impression d'être situé juste sur la frontière séparant le réel de l'imaginaire. En effet, le monde décrit est bien le nôtre (l'action se déroule en l'occurrence dans divers quartiers, plus ou moins bien famés, d'une ville de La Nouvelle-Orléans) seulement, les personnages qui y évoluent ressemblent à des caricatures : leurs traits de caractères sont exacerbés, leur langage est exagérément pittoresque, les conséquences de leurs actes amplifiées au point de donner au récit des allures de comédie burlesque. Et celui qui rassemble toutes ces caractéristiques de façon évidente est le personnage principal de ce roman : Ignatius J.Reilly. Agé d'une trentaine d'années, il vit toujours chez sa mère, dans l'oisiveté la plus totale. Obèse, caractériel, paranoïaque, il rejette en bloc toutes les institutions et les valeurs de la société au sein de laquelle il évolue : l'Eglise, le travail, la télévision ; il ne supporte pas plus les homosexuels que les hétérosexuels mais est capable d'imaginer que l'infiltration par ces premiers aux postes clé de l'armée peut être une solution pour ramener la paix dans le monde... Il admire à la fois les penseurs romains, ceux de début du Moyen-Age, et Batman (!) parce que dernier fait preuve d'une morale rigide.
En conclusion, Ignatius est un individu totalement décalé, pétri de contradictions, qui ne trouve pas sa place dans une société de consommation dont il méprise de plus les valeurs matérielles.
Malheureusement, suite à un accident de voiture occasionné par sa mère, la voici devenu obligé de rechercher un emploi pour rembourser les dégâts occasionnés. Et c'est le début d'une série de catastrophes...

J'ai dans un premier temps trouvé ce roman plaisant et d'un second degré réjouissant. Et puis, après une centaine de pages, je n'avais plus vraiment hâte de retrouver mon livre en fin de journée, et ça, c'est mauvais signe ! Je ressentais un peu le même sentiment qu'en lisant "Le monde selon Garp" : je m'ennuyais, en dépit d'une action plutôt rythmée. Je ne me souviens plus de la cause de l'ennui qui m'a pris lors de la lecture du roman de John Irving, mais ce qui m'a lassé ici, c'est la récurrence des répliques échangées entre les personnages, l'impression que c'était les mêmes dialogues qui revenaient en boucle, et que l'auteur avait à certains moments manqué de concision et de subtilité.

Dommage... la recette utilisée était bonne, mais à force de me la servir, John Kennedy Toole m'a un peu écoeurée...

jeudi 24 décembre 2009

« Mrs Dalloway » - Virginia Woolf

Faut-il avoir peur de Virginia Woolf ?, par Ingannmic.

Avant d’entamer la lecture de « Mrs Dalloway » (le 1er roman que je lis de cette auteure), j’imaginais que Virginia Woolf était une femme à l’écriture complexe, torturée, laborieuse. Je n’imaginais pas si mal… du moins en ce qui concerne la complexité, et par conséquent, la nécessité à certains moments de faire preuve d’une certaine concentration pour suivre le cheminement de son récit (donc, oui, c’était parfois un peu laborieux aussi !)
Peut-on d’ailleurs véritablement parler de récit, concernant « Mrs Dalloway » ? L’action s’y déroule sur une seule journée, et culmine avec la description des quelques menus préparatifs auxquels s’attèle Clarissa Dalloway en vue de la réception qu’elle donnera en soirée.
Et pourtant, en lisant , j’ai souvent éprouvé au cours de ma lecture une sensation de mouvement incessant, presque de frénésie, qui tient au procédé de narration utilisé par l’auteure : tout le roman est la restitution des pensées, souvenirs, des divers personnages, qui se succèdent souvent sans transition.
Ces personnages parfois se croisent, parfois se connaissent. Virginia Woolf s’attarde davantage sur certains d’entre eux, et notamment sur cette fameuse Mrs Dalloway. Arrivée à la cinquantaine, mariée à un célèbre député dont elle a eu une fille, celle-ci fait preuve d’un état d’esprit qui peut sembler confus car émaillé de réflexions contradictoires. En effet, elle s’émerveille de bonheurs simples, fait preuve d’une humeur égale et sereine, puis manifeste soudain des regrets quant à la femme qu’elle est devenue, qui agit sous l’influence du regard d’autrui, va jusqu’à penser qu’elle aurait aimé être quelqu’un d’autre… Et surtout, elle laisse transparaître, sous-jacente, une angoisse, voire une terreur de la mort, qui à certains moments sera même clairement exprimée..
Les considérations de Peter Walsh, l’amour de jeunesse de Clarissa, confirme la dualité évoquée plus haut : s’appliquant à plaire à la classe dominante pour entretenir les relations mondaines de son époux, elle a acquis une rigidité préjudiciable à son sens critique et à sa vivacité d’esprit. Et pourtant, il lui reconnaît toujours un « sens du comique exquis », un caractère agréable et facile.
Quant à lui, son retour après 5 années passées aux Indes (alors colonie anglaise) fournit un prétexte à l’auteure pour souligner les changements intervenus après la première guerre mondiale (le roman se passe en 1923) en Angleterre, la fin du conflit insufflant un vent de liberté qui se traduit par une évolution des comportements : Peter constate ainsi que les anglais se montrent moins pudibonds qu’auparavant, la censure morale semble être moins pesante. Un personnage d’ailleurs plutôt sympathique que ce Peter, qui se soucie peu du « qu’en dira-t-on », se contentant de suivre ses envies, ses impulsions, affichant une forme d’épicurisme débonnaire et aussi quelque peu enfantin. Lui-même se décrit comme étant « à la fois gai et bougon », sa bonne humeur alternant parfois avec des accès de mélancolie provoqués par une certaine nostalgie de la jeunesse.
Plus tragiques et beaucoup plus sombres sont les pensées de Septimus, un autre des protagonistes qui occupe une place importante dans le roman. Se promenant dans les rues de Londres au bras de Rezia, son épouse italienne, ce rescapé de la guerre, atteint d’une profonde dépression, sombre dans la folie…
Par la transcription des pensées, des états d’âme de ses personnages, Virginia Woolf a su donner à son récit une réelle consistance, l’enveloppant d’un réseau complexe de sentiments et de réflexions plus ou moins conscientes. Il s’en dégage au final une vague impression de mal-être existentiel, une difficulté pour les individus à accéder au véritable bonheur, à jouir de la maturité et de la sérénité que pourrait leur conférer l’âge.
S’agit-il de l’écho des angoisses et de l’instabilité mentale de l’auteure ?
On notera à plusieurs reprises l’évocation du suicide ou de la délivrance que peut apporter la mort, considérée aussi à certain moment comme un « enlacement »…

mercredi 23 décembre 2009

"Willard et ses trophées de bowling" - Richard Brautigan

Critique express, par Ingannmic.

Quel est le point commun entre un jeune couple qu'un papillome verruqueux a réduit à pratiquer des jeux sexuels sado-masochistes, trois frères aux allures de Daltons qui attendent, dans une chambre d'hôtel, un coup de téléphone d'une extrême importance, et un autre jeune couple sorti assister à une rétrospective Greta Garbo au ciné-club ?
Ben, les trophées de bowling, bien sûr !

Ne cherchez pas à comprendre. Tout ce que vous avez à faire, c'est d'attraper ce roman de Brautigan, vous installer dans votre fauteuil préféré, et vous laisser aller. Avec l'assurance que vous allez bien vous marrer !
De situations loufoques en absurdités hilarantes, c'est un vrai moment de plaisir que nous offre l'auteur avec ce récit quijamais ne se prend au sérieux... mais bon sang, quel dommage qu'il soit si court !!

Pour la peine, ma critique s'arrête là. Na!

mardi 22 décembre 2009

"La Reine Morte"- Henry de Montherlant

Démodé et encore très moderne par Anne


Je n'aurais pas choisi un livre de Montherlant si on n'avait pas décidé de nous amuser avec des auteurs suicidés. C'est ce qui fait intéressant de suivre un thème tout les deux mois - on fait souvent de jolies découvertes! "La Reine Morte" est une histoire assez banale : Le roi du Portugal, Ferrante, exige que son fils Pedro marie L'Infante de Navarra, mais Pedro est amoureux d'Inès, et il ne veut pas la quitter. Marier l'Infante et prendre Inès comme sa maîtresse comme lui propose son père n'est pas possible non plus. Il ne peut et ne veut pas. Pedro et Inès se sont déjà mariés en secret et Inès est enceinte. Pour le Roi est-ce qu'il y a autre solution que de faire assassiner Inès?

Une histoire très simple, n'est-ce pas ? Pourtant Henry de Montherlant a réussi à en faire une pièce de théatre assez fascinante. On suit le roi qui avec des arguments souvent contradictoires arrive enfin à prendre une décision sur le sort d'Inès. Le vieux roi fatigué nous montre que les motives de nos actes ne sont pas toujours claires. On change facilement d'opinion ou de principes surtout quand on a marre d'une personne ou d'une situation. Il nous arrive de faire des choses seulement parce qu'on a le pouvoir de les faire.
C'est une pièce pleine de réflexions intéressantes, c'est très bien écrit et elle me donne envie de découvrir les autres textes de Montherlant.

jeudi 17 décembre 2009

"Timequake" - Kurt Vonnegut


Time again to read Vonnegut, par Zaph

J'aime pô les préfaces, en général.
Sauf quand c'est Kurt Vonnegut qui les écrit. Même que des fois, je me demande si la meilleure partie de ses livres n'est pas dans la préface.
C'est pas comme les autres écrivains, qui se sentent obligés de nous avertir de ce qu'ils vont raconter (comme si on n'était pas capable de nous en rendre compte par nous-mêmes), ou de nous expliquer comment et pourquoi ils ont eu cette brillante idée (sans blague, on s'en fiche un peu, de leur égo). Puis des fois, ils nous collent en plus une postface pour nous expliquer ce qu'on vient de lire (des fois qu'on serait trop con pour comprendre). Ça m'énerve, toutes ces pages inutiles ; ça détruit la chlorosphère.
Non, chez Kurt, c'est différent. La préface est un pont, un passage en douceur entre le monde réel et la fiction. La préface est déjà un peu le roman, et le premier chapitre est encore un peu la préface.

Cette fois, Kurt franchit un pas de plus, car j'ai l'impression que ce roman n'est qu'une longue préface en 63 chapitres et un épilogue (et une pré-préface).
C'est un joyeux bordel, en tout cas. Un mélange bizarre de fiction, de souvenirs (dont certains sont peut-être réels), et de considérations loufoques.

Va bien falloir que j'explique un peu ce qu'est le timequake...
C'est bien simple : le 13 Févier 2001, l'univers a décidé pour on ne sait quelle raison d'opérer un saut temporel de dix ans en arrière, si bien que tout le monde se retrouve à vivre une seconde fois la même période de dix ans, en en étant pleinement conscient, mais sans pouvoir rien y changer. Tout le monde reproduit ("rerun") les mêmes actions et prononce les mêmes paroles une seconde fois.
Idée complètement barge, mais littérairement géniale.

A la fin de la carrière et de la vie de Vonnegut, le personnage de Kilgore Trout reçoit enfin la place d'honneur qu'il méritait.
C'était jusqu'ici un double discret, un fantôme énigmatique qui faisait quelques apparitions dans plusieurs romans de Kurt. Et là, Kurt a fait ce fantastique cadeau à Kilgore : il l'a tout simplement rendu RÉEL.

Timequake est un roman circulaire. Ce n'est pas étonnant, puisqu'on parle de boucle temporelle. J'ai déjà eu l'occasion de le dire ; chez Vonnegut, il y a toujours une recherche formelle, qui est probablement pour une bonne part dans le fait que les thèmes de ses romans fonctionnent si bien (franchement, construire un roman qui tient debout sur les prémisses de "Timequake", c'est pas donné à tout le monde).
Dans son livre, Kurt nous parle d'un roman, "Timequake one", dont celui-ci serait une ré-écriture. Il nous raconte aussi différents romans de Trout. Un roman qui raconte des romans, c'est très récursif, comme de juste. En plus, "Timequake" a été publié en 1997, soit en pleine période de "rerun", selon Kurt... et tous les écrivains actifs à cette période ont bien sûr été forcés de ré-écrire une seconde fois les mêmes oeuvres.

Je me suis évertué pendant longtemps à chercher le plus grand écrivain de Science Fiction, jusqu'à ce que je rencontre enfin Vonnegut.
C'est en effet un des rares écrivains qui vous proposent quelque chose de vraiment différent. Est-ce que ce n'est pas justement ce qu'on devrait attendre d'un grand écrivain de SF ? Quoique, Vonnegut ne fait pas tout à fait de la SF. Peut-être qu'il ne fait pas non plus tout à fait de la littérature. Mais il ne faut pas trois phrases pour reconnaître qu'on est dans un roman de Vonnegut. Et dans ce cas précis, il s'agit en plus d'un grand roman de Vonnegut. S'il y avait un timequake là maintenant, je le relirais une seconde fois avec plaisir.

"Then again, I am a monopolar depressive descended from monopolar depressives. That's how come I write so good."

mardi 15 décembre 2009

"De chair et de cendres" - Ehud Havazelet

Oubliable, par Ingannmic.


"De chair et de cendres" est un roman sur des êtres égarés, des individus qui à un moment de leur vie ont connu un drame ou subi un manque qui les ont laissés à jamais infirmes -au sens affectif du terme-, incapables de communiquer avec autrui, de maîtriser leur colère, ou encore de trouver tout simplement un sens à leur existence.
Il y a Sol, le père juif, originaire de Russie, qui a connu l'enfer des camps, où il a perdu toute sa famille.
Il y a son fils Nathan, médecin, qui entretient des relations parfois perverses avec les femmes, et qui a coupé tout lien avec Daniel, ce frère qu'il a pourtant tant admiré.
C'est justement suite au décès de Daniel dans des circonstances obscures que Sol et Nathan ont fait le voyage à San Francisco.

Le récit progresse par bribes, alternant les souvenirs des divers protagonistes, insistant sur les regrets des uns, les rancoeurs des autres, tous affichant comme point commun un immense mal-être.
En tant que seul survivant de sa famille, Sol parvient difficilement à s'autoriser un quelconque bonheur. Taciturne, dur avec ses enfants, il est comme un étranger qui n'aurait pas appris le langage de l'affectif, du relationnel. Les souvenirs de son enfance, qui le hantent, mais qu'il n'a jamais voulu évoquer devant ses fils, creusent entre ces derniers et leur père une incompréhension mutuelle devenue insurmontable. L'auteur pose ainsi la question d'une certaine forme d'héritage que peut transmettre un rescapé de la Shoah. Il ne s'agit pas ici de la transmission d'un témoignage, mais de celle, moins tangible, de la conséquence des déréglements psychiques et sentimentaux qui affectent, pour toujours, l'individu. Sol a légué à ses fils, de façon inconsciente, par son mutisme et sa froideur, un malaise profond et indéfini, d'autant plus difficile à combattre qu'ils ne peuvent en identifier l'origine.

En dépit de la problématique posée, qui peut effectivement sembler intéressante, j'ai refermé ce livre avec le sentiment que je n'en conserverai pas un souvenir inoubliable... Ehud Havazelet y évoque des destins fort, mais le problème, c'est qu'il ne fait que les évoquer, justement, lançant des pistes qu'il n'explore jamais vraiment à fond. Cela tient sans doute au fait qu'il passe rapidement d'un personnage et d'un fragment de souvenir à l'autre, pour finalement ne s'attarder sur aucun, ce qui laisse au lecteur l'impression d'avoir croisé ses héros sans avoir jamais fait leur connaissance.

samedi 12 décembre 2009

« En attendant l’orage » - Graham Joyce

Encore un bon cru !, par Ingannmic.

Voilà une lecture qui rallonge encore la liste des auteurs/romans que je découvre en allant fureter dans la cave de Thom. Il faut dire qu’étant rarement déçue (si, si c’est tout de même déjà arrivé), ladite cave est devenue une source d’inspiration régulière.
Encore une fois, il s’agit là d’une chouette découverte !

James, Sabine et leurs filles Beth et Jessie passent leurs vacances d’été en Dordogne, dans une vaste ferme rénovée entourée de champs de maïs. Ils sont accompagnés de trois amis : un couple et l’ex-secrétaire de James.
Le poids des secrets que dissimulent les uns et les autres se fait rapidement sentir, instaurant des tensions, ressuscitant les rancunes et les jalousies, entretenant un climat de suspicion.
La principale force d’ « En attendant l’orage » réside dans la subtilité avec laquelle l’auteur installe cette atmosphère lourde, chargée de conflits latents, qu’il met en parallèle avec les conditions météorologiques, comme si les perturbations du ciel se faisaient l’écho des déséquilibres humains. A moins que ce ne soit l’inverse ? Car tout est question de point de vue : selon l’angle d’approche qu’adopte le lecteur, l’interprétation des événements qui se déroulent dans le roman peut être sujette à variations. Certains y décèleront un parfum de fantastique, d’autres préfèreront y voir un drame psychologique… le mieux restant sans doute de ne pas réduire ce roman à un genre particulier, mais de se laisser embarquer par le talent de Graham Joyce, l’observer faire doucement émerger les démons de chacun, qu’ils soient réels ou imaginaires, inspirés par l’angoisse (de vieillir, de grandir, de passer à côté de sa vie…) ou par la folie.